• Pauvreté et inégalités en hausse: Nous sommes en plein scénario catastrophe

     

     

    Pauvreté : "Nous sommes en plein scénario catastrophe"

    Publié le 30-08-11 à 12:57    Modifié à 15:15     4 réactions

    Délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert rappelle qu'à la précarisation de l'emploi s'ajoute la hausse des prix. Interview.

    "Confrontés à leurs problèmes de loyers, les retraités se retrouvent contraints à rogner sur l'alimentation ou la santé. C'est la fin d'une parenthèse heureuse", estime Christophe Robert. (Florence Durand - Sipa) "Confrontés à leurs problèmes de loyers, les retraités se retrouvent contraints à rogner sur l'alimentation ou la santé. C'est la fin d'une parenthèse heureuse", estime Christophe Robert. (Florence Durand - Sipa)

     

     

    Au-delà des statistiques présentées par l'Insee, que signifie être pauvre en 2011 ?

    - Les chiffres sont préoccupants. L'augmentation de la pauvreté pointée par l'Insee est significative. Les pauvres sont de plus en plus pauvres et les écarts dans notre société s'accroissent de manière alarmante.

    Mais la question des revenus n'est qu'un des aspects du problème. Elle ne prend pas en compte les dépenses. Logement, énergie, alimentation, santé… Tous les postes de première nécessité n'arrêtent pas de flamber. Et on assiste à une précarisation des ressources et à une augmentation des dépenses incontournables.

    Les effets de la crise sont indéniables mais il existe aussi une véritable précarisation qui ne lui est pas directement liée. Prenez la situation des retraités aux parcours professionnels chaotiques dont la pension n'est plus suffisante pour se loger. Confrontés à leurs problèmes de loyers, ils se retrouvent contraints à rogner sur l'alimentation ou la santé. C'est la fin d'une parenthèse heureuse pour les retraités.

    Sur le terrain, comment se concrétise cette hausse de la pauvreté ?

    - Nous sommes confrontés à deux phénomènes. D'une part, ceux qui sont dans la précarité depuis longtemps ont de moins en moins de perspectives. Et puis il y a l'afflux des nouvelles personnes touchées : les personnes âgées mais aussi les jeunes. Dans les zones urbaines sensibles, le chômage des jeunes grimpe jusqu'à 40%. Un enfant sur deux y vit dans la pauvreté.

    Les demandes d'aide alimentaire, d'hébergement ou les urgences pour la santé sont en train d'exploser. Il n'y a qu'à voir ce qui s'est passé cet été lors de la démission de Xavier Emmanuelli, le président fondateur du Samu social. La tension va grandissante.

    Toutes les associations ont pourtant tiré la sonnette d'alarme. Face à cet accroissement de la précarité, nous avons tous demandé d'empêcher la reprise des expulsions locatives et la fermeture des abris en été. En vain.

    Les Conseils généraux chargés de l'aide ne suivent plus. Que ce soient le fonds d'aides aux impayés d'énergie ou le fonds de solidarité pour le logement, ces dispositifs ne sont plus en capacité de répondre. Alors les départements baissent les montants ou les seuils d'accessibilité.

    Les familles fragilisées font leurs propres arbitrages. Certains choisissent de ne plus se chauffer ou de suspendre leur abonnement durant l'été. Ce type de restriction est invisible, mais les dégâts sont énormes.

    Existe-t-il de nouvelles causes à la pauvreté ?

    - La première cause reste le chômage. Il explose de nouveau. Pour les fins de droits Assedic, le niveau de vie baisse. On observe alors un basculement vers la précarité.

    La question de l'emploi reste centrale mais, en France, on peut travailler et être pauvre. Certaines personnes travaillent 3 heures par jour. Une heure et demie le matin, une heure et demie l'après-midi. Si elles n'entrent pas dans les statistiques du chômage, elles se trouvent pourtant dans la catégorie des pauvres. Entre la précarisation de l'emploi et les hausses des coûts, nous sommes en plein scénario catastrophe.

    Les aides sociales se retrouvent dans l'incapacité d'inverser ce processus. Les jeunes sont donc de plus en plus touchés, tout comme les retraités. Mais les femmes seules avec enfants aussi. Comment vivre avec un seul petit salaire pour trois personnes ? La pauvreté touche un public nouveau. Tout cela préfigure un avenir inquiétant.

    Les mesures mises en place sont-elles efficaces ?

    - On se retrouve avec de plus en plus de monde touché et une absence d'augmentation des enveloppes d'aide. Les APL qui représentent 16 milliards d'euros par an n'ont pas suivi la hausse des loyers et des charges. L'écart se creuse.

    Le RSA a permis d'amorcer un mouvement mais il n'a pas suffi à enrayer le phénomène.

    Quelles sont les attentes de la Fondation Abbé Pierre ?

    - Il faut remettre au centre du débat politique la question de la lutte contre les inégalités. L'aide aux plus fragiles doit être une priorité. Le PTZ (prêt à taux zéro) a été ouvert aux plus riches. Il a déjà coûte 500 millions d'euros en 2011 alors que l'hébergement d'urgence subit des coupes dramatiques avec une baisse de 3,3%.

    Nous avons conscience des effets de la crise mais la priorité doit justement aller vers les plus faibles : c'est le sens même de l'Etat.

    Interview de Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, par Louis Morice - Le Nouvel Observateur

    (le mardi 30 août 2011)

     

    http://tempsreel.nouvelobs.com//actualite/social/20110830.OBS9449/pauvrete-nous-sommes-en-plein-scenario-catastrophe.html

     

     

     

     

     

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    http://ekladata.com/1Xv0iPxpyl9TEtOV1auyV-y-F5Q.gif

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