• L'actualité ukrainienne vue par les médias français : un exemple de manipulation de l'info.

    Beaucoup de citoyens se méfient des médias. A juste titre.

    Contrôlés en très très grande majorité par des groupes privés, nos médias (Télés, radios et journaux) servent les intérêts de leurs propriétaires, forcément partisans d'un capitalisme mondialisé, linéraux et pro-européens.

    Hier, l'Ukraine revenait sur le devant de la scène.

    Pourquoi aujourd'hui ? Tout simplement parce qu'un débat secoue ce pays de l'ancienne Union soviétique : faut-il se rapprocher de l'Union européenne ou rester lié à la Russie voisine ?

    Le débat n'est pas récent et traduit des clivages politiques et géographiques forts dans ce pays : l'ouest de l'Ukraine penche vers les partis pro-européens et libéraux, comme celui de Ioulia Timochenko, tandis que l'est, plus industriel et russophone, penche pour le parti au pouvoir, plus "social-démocrate" et plus "sensible" aux milieux économiques pro-russes.

    Ces différences se notent depuis des années dans les élections.

    L'actualité européenne de l'Ukraine, c'était la signature ou non d'un accord d'association entre ce pays et l'Union européenne. Cet accord constitue habituellement le prélude à une intégration complète à l'UE.  Evidemment, les pro-européens en Ukraine étaient pour et les opposants à l'Union européenne, contre.

    Mais, en France, évidemment, il n'y a qu'une seule solution présentée comme juste, celle de l'intégration de l'Ukraine dans l'Europe libérale. La façon dont le sujet a été traité dans la presse écrite et à la radio laisse penser que les ukrainiens seraient pour mais que le gouvernement ukrainien, pour des raisons que l'on ne nous explique évidemment pas, est contre. La manipulation vient aussi de ce silence sur les arguments du gouvernement : puisqu'on ne les connait pas (par la faute des médias français, mais bon !), ces raisons sont obscures donc, "logiquement", ce sont de mauvaises raisons.

    C'est ainsi que le traitement partiel de l'info, ne présentant qu'un avis sur la question, laisse penser que l'Ukraine est gouvernée par un régime autoritaire qui n'écouterait pas les "légitimes" attentes d'un peuple ukrainien "évidemment" favorable à l'Europe...

    C'est vrai que cette Europe fait rêver les peuples de l'est ! Ils y sont accueillis à bras ouverts, comme les Rroms !

    Avec le taux de croissance le plus bas du monde et un chômage en forte augmentation, comme la précarité et la pauvreté (voir ce qu'en disent les mêmes médias avec les Restos du Coeur !), cette Europe est un véritable Paradis au point que les prochaines élections européennes risquent fort de connaître une abstention largement majoritaire et que, parmi les votants, ce sont les partis les plus critiques qui risquent d'emporter la donne, en France et ailleurs !...

    Sérieusement, c'est prendre les ukrainiens pour des abrutis que laisser croire qu'ils ne connaissent pas la situation catastrophique de l'économie européenne, qu'elle soit sous gouvernement de droite (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Grèce,...) ou social-démocrate (France, Italie,...).

    Et c'est tenter de manipuler les français que de leur présenter une situation ukrainienne de manière aussi orientée politiquement !

    Le comble, c'est qu'hier, à l'issue d'une manif pro-européenne moyennement réussie (quelques dizaines de milliers de manifestants), quelques milliers d'opposants au gouvernement (légal) ukrainien ont tenté d'encercler le siège du gouvernement pour le bloquer. Ce à quoi, la police ukrainienne a mis bon ordre, à coup de gaz lacrymogène. C'est ce que fait toute police dans tout pays du monde quand un groupe tente d'envahir ou de bloquer les institutions. Je défie d'ailleurs quiconque de bloquer l'Elysée, Matignon ou l'Assemblée nationale sans rencontrer CRS, gardes mobiles et policiers !

    Cette action peu démocratique a eu droit à quelques lignes (de soutien) dans la presse écrite et à du temps d'antenne dans les radios. Pendant ce temps, le Parti communiste d'Ukraine, fort de ses 3 millions de voix et 13,2 % aux dernières législatives (28 octobre 2012) a réuni 4 millions de signatures pour exiger un référendum sur l'intégration européenne, pétition recueillie lors d'une campagne ouvertement contre cette intégration. Mais, de cette campagne et de cette large pétition, rien.

    Après le parti pris total des médias en faveur d'une Révolution orange, aujourd'hui connue pour avoir été soutenue financièrement par Washington, et d'une Ioulia Timochenko, aujourd'hui emprisonnée, nos médias continuent leur parti pris pour les forces europhiles en Ukraine, quoi qu'elles pèsent socialement et électoralement.

    Cette ligne politique de soutien à l'Europe libérale, c'est celle que nous avons subi en France lors de la campagne de 2005 sur le référendum concernant le TCE, le Traité Constitutionnel Européen. Des opposants à l'Europe réduits au silence, insultés ou caricaturés, voilà le traitement démocratique de l'info par des médias au service de l'argent !

    La lecture orientée des événements en Ukraine, comme les partis pris anti-vénézuéliens et anti-syriens mais pro-Qatar ou pro-israéliens, viennent d'abord de choix idéologiques des rédactions dont la déontologie s'arrête là où commencent les intérêts économiques et financiers des groupes privés qui les détiennent. Les médias publics se font, eux, l'écho de la pensée dominante, notamment celle du gouvernement en place.

    Le traitement médiatique orientée de la situation ukrainienne malgré une opposition populaire forte à l'intégration européenne, montre que la neutralité médiatique n'existe pas, sur ce sujet comme sur d'autres.

    Les médias, comme le gouvernement, l'éducation ou la justice, ne sont jamais neutres. Ils font partis des infrastructures qui permettent au système économique dominant de maintenir son contrôle sur la société.

    Dans cette organisation sociale en faveur du système dominant, les médias français sont là pour rendre l'information conforme aux attentes des donneurs d'ordre économiques, distillant une angoisse sociale, une peur du déclassement et de l'insécurité défavorables à des mobilisations sociales, conditionnant les esprits à la fatalité d'une crise dans un système capitaliste inamovible, traitant l'information étrangère selon des filtres qui orientent la pensée en faveur d'une vision binaire ou capitalisme rime avec démocratie et perfection tandis que toute action ou tout pays troublant ce jeu sont automatiquement dénoncés, décrédibilisés, diabolisés.

    L'actualité ukrainienne sert insidieusement de moyen de propagande en faveur d'une Europe dont aujourd'hui ne veulent plus une majorité des citoyens européens.


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