• La crise... ça va de mal en pis !

     

     

    illustration

    http://louisvandeskelde.biz/68-des-belges-sont-affectes-par-la-crise/

     

     

    2 novembre 2013

     

    En octobre, l'inflation a continué de baisser dans la zone euro, ressortie par Eurostat à 0,7% en valeur annuelle.


    La tendance s'accentue, l'Espagne était en septembre tout au bord de la déflation (0,1%) et l' Allemagne a enregistré en octobre un petit 1,2%. Et les résultats des énièmes efforts entrepris à Tokyo pour en sortir ne sont pas encourageants: en témoigne le refus de trois des neufs gouverneurs de la Banque du Japon de voter un communiqué accréditant l'objectif d'atteindre 2% d'inflation dans deux ans.


    Les chiffres du chômage confirment que le piège est en train de progressivement se refermer.


    Dans les 17 pays de la zone euro, il a atteint en moyenne 12,2% de la population active, ce qui correspond à 19,4 millions de chômeurs, en augmentation d'un million sur un an. Le chômage touche 24,1% des moins de 25 ans, avec des pics en Grèce (57,3%) et en Espagne (56,5%), mais aussi en Italie  (40,4%). Dans l'ensemble de la zone euro, cela se traduit par 3,4 millions de jeunes sans emploi. Il ne peut pas être espéré plus qu'une stabilisation, qui n'est même pas acquise.


    La déflation décourageant les achats dans l'immédiat puisque les prix baissent, elle génère une fois intervenue une baisse de la croissance, formant un cercle vicieux. l'INSEE a confirmé que les salaires réels avaient à nouveau baissé en 2011 en France, (derniers chiffres disponibles).


    Une fois de plus, les regards se tournent vers la BCE, comme toujours lorsqu'il n'y a pas de solution. Que peut-elle donc, sachant qu'une fois entrés en déflation, les outils monétaires des banques centrales ne sont pas d'un grand recours et qu'une création monétaire débridée à la japonaise - aux résultats à démontrer - n'est pas à l'ordre du jour?


    Baisser son taux directeur, engager une nouvelle opération de prêts aux banques? les rumeurs se multiplient, mais avec quel effet ? Comment contrarier la logique déflationniste de la politique poursuivie ?


    Reprenant sa grille d'analyse favorite , le Trésor américain incrimine dans son dernier rapport la politique économique allemande orientés vers l'export, au détriment de la consommation intérieure qui tirerait alors la croissance europénne, sans toutefois aller jusqu'à mettre en cause la stratégie de désendettement choisie; mais les autorités allemandes ont répliqué aux américains qu'ils feraient mieux de regarder dans leur jardin. C'est de plus en plus chacun pour soi dans un contexte qui réclamerait des décisions collectives. La nouvelle gouvernance mondiale a depuis longtemps fait long feu.


    A nouveau à l'intention des allemands, Jeroen Dijsselbloem qui préside l' Eurogroupe a lancé un ballon d'essai : il a suggéré de lier plus étroitement d'éventuels assouplissements du calendrier de réduction du déficit à la réalisation de réformes clairement identifiées. Dans le contexte de la poursuite des négociations entre la CDU-CSU et le EPD, Jereon Djisselbloem n'a obtenu qu'une réponse dilatoire du porte-parole du ministère des finances. On ne va pas s'en étonner, car le second round des discussions qui vient d'être entamé porte précisément sur la politique à mener en Europe.


    Les esprits sont également occupés par la prochaine revue de détail des actifs bancaires de la BCE. Le prologue en a été lancé : Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, a réclamé que la dette souveraine ne bénéficie pas d'un traitement de faveur, c'est-à-dire qu'elle cesse d'être considérée à zéro risque, ce qui aurait un fort impact sur l'analyse de la solidité des banques.


    Le gouvernement espagnol a des son côté décidé d'appliquer une petit miracle comptable - les defferred tax assets, crédit sur les impôts à venir - améliorant la présentation de leurs bilans bancaires, avec semble-t-il l'assentiment de la BCE pour avoir déjà été utilisés en Italie en 2011, alors que Mario Draggi était président de la Banque d'Italie. Cela part sur les chapeaux de roue, mais dans tous les sens...!


    Le pilotage à vue se poursuit dans un horizon assombri..!


    source : François Leclerc


    http://millesime.over-blog.com

     

     

     

      Opinion

    (d'1 anticapitalite, note d'eva)


    Le fonctionnement

    du mode de production capitaliste

     

    Robert Bibeau



    Robert Bibeau

     

    Mercredi 30 octobre 2013

     

    Accumuler pour réinvestir

    ou réinvestir pour accumuler ?


                Il peut paraître superfétatoire de polémiquer à propos de la finalité du système capitaliste. Pourtant, cette question demeure au cœur de la contradiction fondamentale qui, tel un cancer, ronge le mode de production capitaliste décadent.

                Se basant sur une lecture superficielle des classiques un clan d’exégètes soutient que la finalité du capitalisme – y compris à son stade suprême impérialiste – c’est de thésauriser, d’accumuler le plus de capital imaginable. En d’autres termes, ce qui ferait courir les milliardaires ce serait l’accumulation entre leurs mains de la plus grande fortune possible (Bill Gates, 50 milliards de dollars US). Selon ces coryphées pseudo socialistes, l’application de cette loi entrainerait la concentration des capitaux entre les mains des privilégiés.


                Nul ne peut disconvenir que les 10% les plus riches de la planète  détiennent 86% des richesses mondiales. Les 1% les plus fortunés concentrent 46% du patrimoine global. Environ 10 millions de milliardaires dans le monde, représentant à peine 00,15% (soit une fraction de 1% de la population mondiale) possèdent 42,700,000,000,000.$ (42,7 mille milliards de dollars US) des richesses totales. Il y a effectivement concentration de la richesse  mais y a-t-il valorisation et enrichissement de ce capital et création de plus-value? (1)

                Nous venons d’examiné l’avoir des particuliers, examinons maintenant les statistiques concernant les plus grandes entreprises privées. En France par exemple on observe le même degré de concentration et d’accumulation monopolistique du capital productif : « mille entreprises de plus de mille salariés (3,4 millions de travailleurs) produisent près de 50 % du PIB ; alors qu’en bas de l’échelle industrielle, un million d’entreprises de moins de dix salariés (3,4 millions de travailleurs également) ont une existence précaire. » (2).


                Il semblerait que le débat soit clos et que le nœud gordien soit tranché. La finalité du procès de développement économique impérialiste serait bien l’accumulation. Normalement, la contradiction fondamentale du système capitaliste devrait voir s’affronter les forces d’accumulation s’opposant aux différentes forces empêchant l’accumulation du capital. Cette contradiction dialectique fondamentale entraînerait la succession des crises économiques systémiques que l’on connaît présentement et, éventuellement, l’effondrement du mode de production impérialiste incapable de concentrer davantage de capital.


                Les faits économiques, financiers, monétaires et bancaires contredisent pourtant cette hypothèse. Si la finalité du système impérialiste est d’accumuler et si l’accumulation et la concentration ne faiblissent pas, alors nous ne devrions subir aucune crise économique systémique de l’impérialisme. Certes, nous pourrions observer beaucoup de détresse sociale, énormément de hargne et de colère ouvrière, l’extension de la pauvreté, mais nous ne devrions observer aucune crise économique d’un régime impérialiste poursuivant inexorablement sa marche en avant en direction de sa vénalité accumulative. 


                L’accumulation se poursuit et pourtant la crise se répand 

                Pourtant, à l’instant où l’accumulation et la concentration du capital est la plus phénoménale de l’histoire mondiale, jamais la crise du système n’a été aussi profonde et sévère, au point de menacer d’affecter l’ensemble de l’échafaudage – boursier, banquier, financier – branlant, insécurisant, décadent.

                Nombre d’économistes dont Tom Thomas présentent l’hypothèse que le système impérialiste d’accumulation détruira prochainement de grandes quantités de ressources et de moyens de production : « Pour que le capital puisse relever son taux de profit moyen et reprendre son procès de valorisation et d’accumulation, deux conditions complémentaires doivent être réunies au-delà du maintien à flot du système financier : première condition, détruire une grande masse de capitaux, non seulement sous leur formes financières mais aussi sous leurs formes matérialisées pour en réduire « l’excédent » et aussi pour pouvoir reconstruire un système de production qui permette – deuxième condition –  d’augmenter le taux d’exploitation (pl/Cv) alors que de réduire la composition organique du capital n’est, aujourd’hui, qu’une possibilité secondaire» (3).


                En un siècle (1913-2013) pas moins de deux guerres mondiales (1914-1918, 1939-1945) et quelques guerres multinationales (1950-1953, 1954-1975, 1991-2001 et 2003-2011) (4), en plus de dizaines de guerres locales ont entrainé d’immenses destructions de ressources, de forces productives et de moyens de production, de destruction de capitaux en définitive. Chacune de ces catastrophes (pour les ouvriers sacrifiés et les peuples immolés) a relancé le processus de valorisation et d’accumulation et stimulé le procès de reproduction élargie du capital en réduisant temporairement la composition organique du capital (Cv/Cc) et en inversant sporadiquement la tendance à la baisse du taux de profit, deux vecteurs qui contrecarrent la reproduction élargie du capital. Marx n’est donc pas mort !

              

      La classe capitaliste monopoliste est présentement incitée à s’aventurer dans un nouvel holocauste ouvrier afin de détruire une grande partie des ressources stockées, des moyens de production engrangés, des forces productives inemployées, du capital accumulé mais paralysé (non productif), afin d’assurer la reprise du procès de reproduction élargie du capital en dopant temporairement les taux de profits. Qu’ils le veuillent ou non les impérialistes devront saccager une grande partie de l’humanité s’ils souhaitent remettre en marche leur mode de production moribond. L’impérialisme c’est la guerre disait un homme célèbre. 


                Une meilleure distribution pour une meilleure croissance ?

     

                Un grand nombre de réformistes pensent, à l’exemple de leurs  prédécesseurs utopistes et ainsi que madame Christine Lagarde du FMI, que le système social et économique capitaliste est un excellent régime économique – performant – mais souffrant d’un grand tourment, qu’il est parfaitement possible de corriger disent-ils. La solution pour relancer l’impérialisme en crise serait « Plus de justice distributive pour plus de croissance » ânonnent-ils tous en chœur : « le Fonds monétaire international (FMI) continuera de faire pression en faveur de biens et de services publics de qualité, la priorité étant la protection et l’augmentation des dépenses sociales visant à réduire la pauvreté et l’exclusion, a assuré Christine Lagarde. » (5).

     


                Selon ces ploutocrates il revient à l’État démocratique bourgeois, supposément positionnée au-dessus de la mêlée de la lutte des classes, d’assurer une meilleure distribution des fruits de l’accumulation capitaliste. Selon ces marguillers capitalistiques, l’État providence, le Robin des bois des temps modernes, doit chaparder quelques deniers  aux financiers pour en donner aux déshérités et en distribuer davantage à leurs plumitifs petits-bourgeois et alors nous vivrons tous au Nirvana. Moins d’accumulation et plus d’équité voilà la panacée. Évidemment, si cette « solution » fonctionnait on le saurait.

                Ce postulat utopiste découle logiquement de l’axiome précédent à l’effet que la finalité du système capitaliste serait l’accumulation des capitaux plutôt que leur réinvestissement pour un nouveau cycle de reproduction élargie. Pourtant, s’il y a présentement crise systémique de l’impérialisme ce n’est pas dû à  une déficience du processus d’accumulation (qui se porte très bien), mais bien plutôt aux contingences de la reproduction élargie du capital. Le capital ne sait plus produire de plus-value en quantité suffisante voilà la raison de la crise endémique et systémique.


                La crise économique n’est pas due aux excès financiers d’une politique néolibérale, mais bien à une baisse du taux de profit engendrée par un phénomène de suraccumulation de provisions et de marchandises et de sous-consommation de ces marchandises stockées; aggravée par une hyper-profusion de capital financier sans valeur marchande (de la monnaie bidon sans valeur)


                À partir de 2008, au-delà du sauvetage du système financier que les États étaient dans l’obligation d’entreprendre de toute urgence il nous faut examiner comment les capitalistes et leurs fonctionnaires étatiques œuvrent à redresser le taux de profit dans la situation concrète de l’impérialisme obsolescent.

    « Avec la crise, les lois du marché agissent aveuglément. Le capital constant est dévalorisé. Des entreprises en difficulté peuvent être rachetées à bas prix. Les prix des matières premières s’écroulent. Les salaires sont laminés sous la pression d’un chômage massif. Il y a là des facteurs favorables à un redressement du taux de profit. Néanmoins, ils sont limités car, en même temps que ces phénomènes se produisent, la composition organique (Cc/Cv) reste élevée puisque l’importance du capital fixe reste prépondérante, que la consommation diminue en même temps que la quantité de travail vivant utilisée. Une forte destruction de capitaux marquée par des dettes non remboursées, des faillites, des fermetures d’usines est évidemment beaucoup plus efficace pour relever le taux de profit. »(6). 


                L’analogie

                Ici on nous permettra une analogie. Au cours du procès de reproduction élargie de la vie en société, il est indubitable que la copulation entraînant le coït vaginal ou phallique est gratifiante. La nature et l’évolution en ont ainsi décidé de façon à inciter l’hominidé à poser fréquemment ce geste afin d’assurer la pérennité de son espèce. Il ne fait aucun doute cependant que le Principe de plaisir (Reich, 1986) n’est pas la finalité – la conclusion et la raison d’être de l’activité sexuelle mais seulement une gratification incitant – le Moi sujet – à se reproduire. La finalité est bien la reproduction anthropologique de l’espèce, son stimulant étant le «Principe de plaisir» et sa conséquence l’accroissement des populations.


                Poser correctement le diagnostic

                Quel est l’intérêt de cette redécouverte de la finalité du mode de production impérialiste ? Pour le Parti Révolutionnaire Ouvrier (PRO) ce principe primordial de l’économie impérialiste est crucial car il indique que ce ne sont pas tant les statistiques à propos de l’accumulation et de la concentration du capital que nous devons observer et analyser avec soin afin de comprendre l’enlisement et l’effondrement imminent du mode de production impérialiste déclinant, mais bien plutôt les indices portant sur le ralentissement et l’essoufflement du procès de reproduction élargie de la plus-value et des profits, et la difficulté, non pas de l’accumulation mais du réinvestissement productif du capital.

                Les actions politiques et de résistance économique des partisans du PRO ne doivent pas mener à pleurnicher pour obtenir une redistribution «équitable» du capital et des profits au bénéfice des démunis mais s’orienter vers la paralysie de l’appareil productif. Moins de plus-value et moins de profits signifient moins de capital productif à réinjecter dans le processus de reproduction élargie et en bout de  course la faillite inévitable et l’effondrement inéluctable du système impérialiste tout entier.


                Bref, le mode de production impérialiste ne peut continuer à se développer de par ces axiomes, ces postulats et ces lois inhérentes de fonctionnement. Il est futile de tenter de le ranimer ou de le réformer. Ce système s’est engagé depuis quelques années dans une spirale catastrophique et nul ne peut l’en réchapper. Il viendra un temps où il faudra lui donner le coup de grâce et achever la bête immonde, ce qui constitue la mission du prolétariat. Marx n’est pas mort.


     


    (1)  http://www.marianne.net/gerardfiloche/Il-n-y-a-pas-de-classe-moyenne-ni-des-classes-moyennes_a33.html


    (2)  Tom Thomas (2009) La crise. Laquelle ? Et après ? Page 75.

    http://www.les7duquebec. com/7-au-front/la-politique-du-capital-dans-la-crise/. Le Crash s’en vient :  http://publications-agora.fr/pack/ssw3b/?code=ESSWP803&a=3&o=38&s=74&u=59913&l=614&r=MC&g=0


    (3)  http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cor%C3%A9e et http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerres_de_Yougoslavie et http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Vi%C3%AAt_Nam et http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d'Irak


    (4)  http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/378357/0-5-de-la-population-accapare-35-des-avoirs?utm_source=infolettre-2013-05-16&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne


    (5)   Thomas (2009) La crise. Laquelle ? Et après ? Page 69.

                http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-politique-du-capital-dans-la-crise/


    (6)   La Fonction de l'orgasme, L'Arche, 1986. Orig. allemand Die Funktion des Orgasmus, trad. américaine The Function of the Orgasm, 1942, 1948, réimp. FSG, 1973  et aussi  http://www.robertbibeau.ca/fatima.html

    Inquiétude à la Banque de France sur la hausse du nombre de billets en circulation : les Français basculent dans le black
    Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/inquietude-banque-france-hausse-nombre-billets-en-circulation-francais-basculent-dans-black-jean-marc-sylvestre-884942.html#JBtjQo4ULohirPr6.99
    disait Laffer. Les Français n’ont désormais plus confiance dans l’euro ni dans leur gouvernement.
    Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/inquietude-banque-france-hausse-nombre-billets-en-circulation-francais-basculent-dans-black-jean-marc-sylvestre-884942.html#JBtjQo4ULohirPr6.99

    es billets de 50 euros et 20 euros passent de la main à la main comme jamais. Ce qui a obligé la Banque de France à en faire imprimer beaucoup plus qu'auparavant. Environ 20% de plus pour répondre à la demande des agents de l’économie. La demande primaire vient des banques dont les DAB (distributeurs automatiques de billets) doivent être réapprovisionnés plus souvent dans la semaine. Le cash circule de plus en plus. Pour tous les économistes c’est évidemment le premier marqueur de développement d’une économie souterraine, d’un marché noir. L’évolution est particulièrement évidente dans le commerce de détail, dans la distribution de carburant, dans la restauration, la réparation automobile ou encore le bâtiment.

     Les Français étaient pourtant ceux qui avaient, depuis dix ans, adopté le plus les moyens de paiement électronique en Europe. La carte de paiement et l’ordre de virement avaient pris des parts de marchés et supplantés la monnaie papier, le chèque et les billets de banques. La politique commerciale des banques a certes beaucoup dissuadé les clients d’utiliser les chèques au profit des moyens de paiement direct ; mais la crise qui, en 2008, a cassé la confiance dans les banques a redonné aux billets une place importante. Une fois la confiance rétablie, l’usage de la monnaie n’a pas décru au contraire.

     La raison en est très simple. Les Français se sont mis au cash pour échapper à la pression fiscale. Alors que les riches avaient les moyens de se payer des spécialistes pour faire de l’optimisation fiscale ou la possibilité de s’exiler sous d’autres cieux, une partie de la classe moyenne et modeste a renoué avec le travail au noir ou le troc. Il faut dire que les facteurs qui encouragent le «black» se sont multipliés.

     Le premier catalyseur du travail au noir a été la suppression de l’exonération de la fiscalité sur les heures supplémentaires. Cette mesure a mis dans l’embarras près de 3 millions de salariés qui ont vu leur feuille de paie rabotée de quelques centaines d’euros et leur feuille d’impôt grossir. Ceux qui ont pu, ont travaillé au noir. D’autant qu'au même moment, le statut des auto-entrepreneurs s’est retrouvé menacé et amputé. Le principe des heures supplémentaires et le statut de l'auto-entreprise avaient eu le mérite de "blanchir" une grande partie du travail au noir qui avait alors perdu de son intérêt. La suppression de ses mesures a redonné le goût et l’envie de dissimuler des activités. L’augmentation de tous les impôts a fait le reste.

     Parallèlement, une partie des activités d’entretien de logements et de bâtiments, d'entretien des voitures, où la culture du travail au noir était déjà forte, sont retombées dans l’ombre du travail officiel pour échapper à la TVA et aux charges sociales. Enfin, le développement des sites internet de vente de produits d’occasion du type eBay ou Le Bon Coin, ou même des sites de co-voiturage et de colocation, ont évidemment favorisé la multiplication de transactions hors TVA et fait basculer une partie de l’activité économique dans une zone d’ombre où l’État trop gourmand n’a pas d’accès.

     A l’origine de ce mouvement, il y a évidemment le matraquage fiscal qui touche désormais toutes les couches de la population, mais il y a aussi le manque de sécurité économique et l’instabilité de l’écosystème dans lequel on travaille. En 2009 et 2010, les trois économies européennes les plus fragiles, l’Espagne, l’Italie et surtout la Grèce carburaient pour l’essentiel au cash et très souvent avec des petites coupures. Ni les chèques, ni les cartes bancaires n’étaient acceptées chez les commerçants ou les artisans. En fait, les économies de l’Europe du Sud regorgeaient de liquidités sous forme de billets de banques. Ce qui a posé, d’ailleurs, des problèmes de sécurité aux commerçants.

     La France d’aujourd’hui n’est pas dans la situation de la Grèce en 2009 ou de l’Italie avant l’arrivée de Mario Monti. Il y a cependant des symptômes qui montrent le trouble grandissant du corps social. Les banques ont parfaitement mesuré ce phénomène. La Banque de France devrait publier des statistiques très prochainement, mais Bercy sait très bien que si l’impôt ne rentre pas, ou mal, c’est parce que l’activité est faible mais aussi parce qu’une partie de cette activité est volontairement dissimulée pour échapper à la pression fiscale.

     Pourquoi les riches seraient-ils les seuls à pouvoir se protéger ? Le travail au noir c’est la façon soft que la classe moyenne emprunte pour échapper au carcan fiscal, dans tous les pays, à toutes les époques. Quand la fiscalité devient confiscatoire, le contribuable s’enfuie ou il peut. «Les hauts taux tuent les totaux » disait Laffer. Les Français n’ont désormais plus confiance dans l’euro ni dans leur gouvernement.


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