• La dangereuse politique Euro-Atlantiste envers l'Ukraine. Risque de guerre mondiale

     

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    Crédit : Capture d'écran Deutsche Welle

     

     

    Le 29 mai, jour de l’Ascension, à Aix-la-Chapelle, le Comité du Prix Charlemagne a décerné son prix au président du Conseil européen, Herman van Rompuy. Signe du temps et de ce qu’est devenue l’Europe, le discours d’éloge a été prononcé par Arseni Iatseniouk, le premier ministre putschiste de Kiev mise en place par les Anglo-Américains, l’OTAN et les eurocrates mégalomanes de Bruxelles. Signalons que les lauréats sont choisis pour leur « travail au service de l’unification européenne »...


    Lors de cet événement, notre parti frère en Allemagne, le Mouvement des droits civiques - Solidarité (BüSo) que préside Helga Zepp-LaRouche, a distribué le tract suivant aux environs de la cérémonie. Extraits :

    Ceux qui ont eu l’idée de décerner le prix Charlemagne à Herman van Rompuy, puis d’inviter comme panégyristes, outre les premiers ministres de la Moldavie et de la Géorgie, « Iats » – l’homme nommé Premier ministre de l’Ukraine à la suite d’un putsch soutenu depuis l’étranger – ont un sens prononcé du morbide.


    Van Rompuy, le président du Conseil européen, représente l’échec patent du modèle de l’UE : un monstre bureaucratique qui, de concert avec la Troïka, sacrifie sa propre population au nom d’une austérité brutale afin de « sauver » les banques (bail-out) et qui a déjà décidé de le compléter dans toute l’Europe par le bail-in, c’est-à-dire en confisquant les avoirs bancaires. Ceci provoquerait l’effondrement radical du système financier transatlantique en faillite, dont la zone euro et l’UE ne sont que des partenaires de seconde ordre, tout aussi en faillite. ll en résulterait le chaos et la guerre civile. Dans cette optique, le plan Verhofstadt-Spinelli-Bertelsmann de ces élites pour une nouvelle dictature attend déjà dans les tiroirs.

    L’autre face de la médaille

    L’autre aspect de cette politique, c’est l’orientation de plus en plus agressive de l’UE à l’égard de la Russie et sa symbiose de plus en plus ouverte avec une OTAN expansionniste. L’objectif de l’OTAN et de l’UE à Bruxelles, de connivence avec une administration Obama sous influence britannique à Washington, est la confrontation avec la Russie. C’est ce montre l’étroite coordination de responsables américains et européens lors de la chute du gouvernement Ianoukovitch en Ukraine. Cette politique d’encerclement, dirigée aussi contre la Chine, nous mène directement vers une confrontation thermonucléaire et, faute de l’arrêter, la destruction de la civilisation.


    L’Ouest ne craint pas de coopérer ouvertement en Ukraine avec des éléments nazis, ni d’aider à mettre au pouvoir des gens dont la lignée remonte aux fascistes de Bandera et à leurs campagnes d’extermination et qui, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, ont été pris en main par le MI6 et la CIA.


    En Ukraine, un coup d’Etat violent téléguidé de l’étranger a été effectué lorsque ce pays envisageait d’opter pour le développement de l’économie réelle en rejoignant l’Union eurasiatique lancée par la Russie, au lieu de devenir une « deuxième Grèce » appauvrie et désindustrialisée, assujettie aux diktats de l’UE et du FMI, et le bélier de l’OTAN contre la Russie.


    Par la suite, toute la rhétorique sur les « valeurs occidentales » ou « européennes », comme la liberté et l’autodétermination, a été jetée par-dessus bord sans état d’âme. Où sont les droits de l’homme lorsqu’on occulte, avec l’approbation internationale, les véritables responsables des massacres à Kiev en février ou à Odessa ?


    Dans ce contexte, inviter « Iats » — le « Premier ministre » ukrainien choisi par Victoria Nuland, le faucon néoconservateur du président Obama, l’homme qui est arrivé au pouvoir par un putsch nazi et qui déploie l’armée et des troupes de Secteur droit et autres cercles fascistes contre sa propre population — comme orateur de la cérémonie de remise du prix Charlemagne, témoigne de la faiblesse de jugement moral de la part du jury et des organisateurs de ce concours.


    Nous avons besoin d’une entente entre États-nations souverains, comprenant l’Ukraine et les pays d’Europe de l’Est et centrale, afin d’initier la coopération avec la Russie, la Chine et l’Inde pour le développement et le progrès économique mutuel. Le partenariat récemment renforcé entre la Russie et la Chine en vue de grands projets d’infrastructure et la coopération dans la recherche spatiale et l’énergie nucléaire, voilà les domaines du futur qui profiteront à l’ensemble de l’humanité. (...)


    Publié par : http://www.solidariteetprogres.org

     


    Van Rompuy reçoit le prix Charlemagne des mains d’un putschiste ukrainien

     

     

     

    Sur ce site,

     

     

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    Voir aussi :

    La colère de l'Armée Française presque aussi usée que le matériel. Pétition de soutien

     

    Aux Militaires, aux Policiers, aux Gendarmes - R-sistons vidéo 25

     

     

    Les combattants du Praviy sektor. Archives

     

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    Actualité :

     

    La guerre en Ukraine - Vers la naissance d'une Otan asiatique...

    BNP - 31 mai 2014 - ils acceptent le gouvernement mondial unilatéral des USA, alors pourquoi voter ?

    Venezuela : un complot contre le président Maduro révélé au grand jour

    L’Union économique eurasiatique est désormais un fait réel

    Chantage américain sur la BNP - 30 mai 2014 - Les USA veulent que la France vende ses navires de guerre Mistral à l’OTAN, pas la Russie

    La législation US s’applique pleinement dans les colonies européennes des USA.

    Les Américains veulent financer leur guerre contre la Syrie antisioniste avec l’argent de la BNP française

    Laurent Fabius et la Justice

    Ukraine: Moscou presse l'Occident d'empêcher une catastrophe

    La guerre contre la Russie dans sa dimension idéologique

     

    mort-garde-nationale

     

    [Ukraine] Des répressions ouvertes ont commencé contre les forces de gauche

    Paul-Craig-Roberts

    Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape…

    La propagande occidentale sur les événements en Ukraine a deux objectifs principaux. L’un  consiste à couvrir, ou détourner l’attention, du rôle de Washington dans le renversement du gouvernement démocratiquement élu de l’Ukraine. L’autre consiste à diaboliser la Russie.

    La vérité est connue, mais la vérité ne fait pas partie de la télévision ni de la presse écrite occidentale. L’appel téléphonique intercepté entre la sous-secrétaire d’Etat, Victoria Nuland, et l’ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt révèle que les deux fomenteurs de coup d’État discutaient lesquels des laquais de Washington seraient installés dans le nouveau gouvernement fantoche. L’appel téléphonique intercepté entre le ministre estonien des Affaires étrangères Urmas Paet et la représentante officielle de l’UE pour la politique étrangère, Catherine Ashton, a révélé des soupçons, plus tard confirmés par des rapports indépendants, que des tireurs d’élite ayant tué des gens des deux côtés de la protestation de Kiev sont venus du côté soutenu par Washington dans le conflit.


    Pour résumer, quand Washington orchestra en 2004 la « révolution orange » et que la révolution a échoué à fournir l’Ukraine dans les mains de l’Ouest, Washington, selon Victoria Nuland, a versé 5 milliards de dollars en Ukraine pour les dix années suivantes [1]. L’argent est allé à des politiciens, que Washington a amadoués, et à des organisations non-gouvernementales (ONG) qui opèrent comme étant des structures éducatives, faisant la promotion de la démocratie, et pour la défense des droits de l’Homme, mais qui en fait, sont la cinquième colonne de Washington [2].

    Lorsque le président Ianoukovitch, considérant les coûts et les avantages, a rejeté l’invitation faite à l’Ukraine pour adhérer à l’Union européenne [3], Washington a envoyé ses ONG habituelles à l’action. Les protestations ont éclaté à Kiev exigeant que M. Ianoukovitch change sa décision et rejoigne l’UE.


    Ces protestations étaient pacifiques, mais bientôt les ultra-nationalistes et autres néo-nazis sont apparus et ont introduit la violence dans les manifestations. Les revendications sont passées de «rejoindre l’UE» à «renverser Ianoukovitch et son gouvernement».

    Le chaos politique s’en est suivi. Washington a installé un gouvernement fantoche, qui a été présenté comme étant une force démocratique contre la corruption. Cependant, les ultra-nationalistes et néo-nazis, comme le Secteur Droit [Pravyi Sektor], ont commencé à intimider les membres du gouvernement fantoche. Peut-être qu’en réponse, les laquais de Washington ont commencé à proférer des menaces contre la population russophone de l’Ukraine.


    Les régions du sud et de l’est de l’Ukraine sont d’anciens territoires russes rattachés à l’Ukraine par les dirigeants soviétiques. Lénine a ajouté des zones russes à l’Ukraine dans les premières années de l’Union soviétique, et Khrouchtchev a rattaché la Crimée en 1954. Les habitants de ces régions russes, alarmés par la destruction des monuments de guerre soviétiques commémorant la libération par l’Armée Rouge de l’Ukraine à Hitler, par l’interdiction du russe comme langue officielle, et par des agressions physiques sur les personnes russophones en Ukraine qui ont éclaté dans les manifestations. La Crimée a voté son indépendance et a demandé la réunification avec la Russie, et les régions de Donetsk et Luhansk ont fait de même.


    Washington, ses marionnettes de l’UE, et les médias occidentaux ont nié que les votes en Crimée, à Donetsk, et à Luhansk aient été sincères et spontanés. Au lieu de cela, Washington affirme que les manifestations conduisant à des votes et les votes eux-mêmes ont été orchestrés par le gouvernement russe via l’utilisation de pots de vin, de menaces et de la coercition. La Crimée a été décrite comme étant un cas d’invasion russe et d’annexion.


    Ce sont des mensonges flagrants, et les observateurs étrangers des élections le savent, mais ils n’ont aucune voix audible dans les médias occidentaux, qui sont un ministère de la Propagande pour Washington. Même la – autrefois fière – BBC ment au service Washington.

    Washington a réussi à contrôler l’explication de la «crise ukrainienne». Les peuples unifiés en Crimée, à Donetsk, et à Luhansk et ont été qualifiés de «terroristes». Par contre, les néo-nazis ukrainiens ont eu accès au club de la «coalition démocratique». Encore plus étonnant , les néo-nazis sont décrits dans les médias occidentaux comme les« libérateurs » des régions séparatistes contenant des «terroristes». Très probablement, les milices néo-nazis russophobes deviendront-elles l’armée du gouvernement fantoche à la solde de Washington, car de nombreuses unités de l’armée [régulière] ukrainienne ont été réticentes à tirer sur des manifestants pacifiques.


    La question pour nous est de savoir comment le leader de la Russie, le président Poutine, s’apprête à jouer ce match. Son hésitation ou sa réticence à accepter Donetsk et Luhansk à faire partie de la Russie est utilisée par les médias occidentaux pour les présenter comme étant faibles et intimidés. En Russie, cela sera utilisé contre Poutine par les ONGs financées par Washington et par les nationalistes russes.

    Poutine le comprend, mais il comprend aussi que Washington veut confirmer le portrait diabolisé de lui-même. Si Poutine accepte les demandes de Donetsk et Luhansk de réintégration en Russie, Washington va répéter son allégation selon laquelle la Russie pratique l’invasion et l’annexion. Très probablement, Poutine n’est ni faible ni intimidé, mais pour de bonnes raisons Poutine ne veut pas donner encore plus de matière à propagande pour  que Washington l’utilise en Europe.


    La presse [aux ordres] de Washington favorable aux sanctions contre la Russie fait face à un obstacle en Allemagne. La chancelière allemande, Angela Merkel, est le vassal de Washington, mais le ministre des Affaires Etrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, et l’industrie allemande ne sont pas favorables aux sanctions. En plus de la dépendance de l’Allemagne au gaz naturel russe, des milliers d’entreprises allemandes font des affaires en Russie, et l’emploi de plusieurs centaines de milliers d’Allemands est dépendant des relations économiques avec la Russie. Les anciens chanceliers allemands, Helmut Schmidt et Gerhard Schröder, ont tancé Merkel pour sa soumission à Washington. La position de Merkel est faible, parce qu’elle s’est bêtement mise elle-même dans la position où elle sacrifie les intérêts de l’Allemagne en faveur des intérêts de Washington.


    Poutine, qui a démontré qu’il n’était pas un politicien débile typique de ce qu’on trouve en Occident, voit dans le conflit entre les pressions américaines sur l’Allemagne et les intérêts réels Allemands une chance de briser l’OTAN et l’UE. Si l’Allemagne décide, comme M. Ianoukovitch l’a fait, que les intérêts de l’Allemagne se trouvent dans ses relations économiques avec la Russie, et non en étant un état marionnette de Washington, peut-être Washington décidera-t-elle de renverser le gouvernement Allemand et installera-t-elle une marionnette plus fiable ?

    Peut-être l’Allemagne en a-t-elle simplement assez de Washington. Toujours occupée par les troupes américaines 69 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a vu ses pratiques éducatives, son histoire, sa politique étrangère, son adhésion à l’UE et la mise en place de l’euro être fait sous la contrainte de Washington. Si les Allemands ont une fierté nationale, et en tant que peuple très récemment unifié, ils peuvent encore en avoir, ces directives imposées par Washington feront déborder le vase.


    La dernière chose que l’Allemagne souhaite est une confrontation, économique ou militaire, avec la Russie. Le Vice- chancelier Allemand, Sigmar Gabriel, a déclaré qu’il « n’était certainement pas intelligent de créer l’impression en Ukraine qu’il fallait choisir entre la Russie et l’UE ». [4]

    Si le gouvernement russe décrète que le contrôle de Washington sur l’Ukraine, ou sur n’importe quelle partie restante après la sécession, représente une menace stratégique inacceptable pour la Russie, l’armée russe saisira l’Ukraine, historiquement intégrée au territoire Russe. Si la Russie occupe Ukraine, il n’y a rien que Washington puisse faire, si ce n’est recourir à la guerre nucléaire. Les pays de l’OTAN, voyant leur propre existence en jeu, ne seront pas d’accord avec cette option.


    Poutine peut reprendre Ukraine quand il veut et tourner le dos à l’Occident, une entité déclinante corrompue, embourbée dans la dépression et le pillage par la classe capitaliste. Le 21ème siècle appartient à l’Orient, la Chine et l’Inde. L’énorme expansion de la Russie repose sur ces deux pays les plus peuplés du monde.


    La Russie peut prendre le pouvoir avec l’Orient. Il n’y a aucune raison pour qu’elle aille mendier auprès de l’Occident afin d’obtenir son approbation. Les bases de la politique étrangère des États-Unis sont les doctrines Brzezinski et Wolfowitz [5], qui déclarent que Washington doit empêcher la montée en puissance de la Russie. Washington n’a pas de bonne volonté envers la Russie et l’entravera à chaque occasion. Tant que Washington contrôlera l’Europe, la Russie n’a aucune chance de faire partie de l’Occident, à moins qu’elle ne devienne la marionnette de Washington, comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France. 


    Source : www.paulcraigroberts.org


    [1] http://www.state.gov/p/eur/rls/rm/2013/dec/218804.htm  Victoria Nuland a déclaré que les USA avait investi plus de 5 milliards de dollars depuis 1991 et non 2004 afin de «promouvoir la démocratie» [2] La cinquième colonne désigne les partisans cachés — au sein d’un État ou d’une organisation — d’un autre État ou d’une autre organisation hostile. [3] il s’agit en fait d’un traité de libre-échange économique, non d’une adhésion à l’UE [4] http://www.reuters.com/article/2014/05/14/us-ukraine-crisis-germany-idUSBREA4D07N20140514 [5] voir note [1] du billet http://www.les-crises.fr/traduction-exclusive-washington-cherche-la-mise-a-mort-de-la-russie-par-paul-craig-roberts/  et Le Grand Echiquier de Zbigniew Brzezinsky

    [Traduction] L’essor de la Russie vers le pouvoir global, Paul Craig Roberts

     

    [Images dures] Ça se passe comme ça dans l’Est de l’Ukraine

     

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    Ukraine : La drôle de guerre de Poroshenko
    Ukraine : La drôle de guerre de Poroshenko
    The Saker, the vineyard of the Saker

    Introduction: Le contexte de la crise ukrainienne
     
    Avant de se pencher sur les derniers évènements en Ukraine, je crois qu'il faut d'abord mentionner deux importants développements touchant la Russie. Premièrement, la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie ont acté l'Union Economique Eurasienne (UEE) et ils seront bientôt rejoints par l'Arménie et le Kirghizstan. Et deuxièmement, la Chine a officiellement appelé à une nouvelle alliance pour la sécurité avec la Russie et l'Iran prouvant clairement que tous ceux qui prétendaient que la Chine ne voulait pas vraiment s'allier avec la Russie se trompaient lourdement. Comme je l'ai déjà dit, l'ampleur et la nature des récents accords économiques entre la Chine et la Russie, constituaient déjà ce que j'appelle une crypto-alliance et maintenant on assiste au premier geste officiel de la Chine pour laisser tomber la partie 'crypto' de l'alliance. Il s'agit, je le répète, d'une évolution majeure de la politique internationale avec semble-t-il la formation de la plus puissante coalition de l'histoire. Les USA et Barak Obama peuvent s'enorgueillir d'être les Parrains de cette nouvelle coalition car leur politique alliant l'arrogance à l'hostilité a largement contribué à forger cette alliance.
     
    Ce processus est loin d'être terminé d'ailleurs. Non seulement il y a des discussions pour étendre les BRICS à d'autres pays (comme l'Argentine), mais l'Organisation de la Coopération de Shanghai (OCS) et l'Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) pourraient accueillir d'autres pays comme l'Iran ou la Pakistan. Quant à l'Union Economique Eurasienne, elle se transformera éventuellement en une seule entité politique, une alliance eurasienne qui pourrait inclure la Chine dans des accords économiques et/ou sécuritaires.
     
    Toute l'Eurasie est lentement mais sûrement en train de constituer une zone unie que l'Empire ne contrôle pas et où le dollar ne règne pas. Cela n'augure rien de bon pour l'Empire Américain.
     
    Derniers développements en Ukraine
     
    L'offensive ukrainienne a connu une escalade dramatique de plus, avec, pour la première fois, l'utilisation de lance-roquettes multiples Grad sur la ville de Slaviansk. Au moins un hélicoptère ukrainien, qui aurait transporté un général et 12 autres personnes, a été abattu par les Forces de Défense de Novorossiya (FDN). Des tirs sporadiques d'artillerie parfois intensifs ont été entendus toute la nuit et les blessés continuent d'arriver dans les hôpitaux locaux. Plusieurs unités ukrainiennes ont déposé les armes et se sont rendues aux FDN. A Sébastopol plusieurs quartiers généraux ont été mis en place pour accueillir le flot incessant de réfugiés. A Kiev le Parlement envisage d'instaurer la loi martiale, ce qui donnerait tout pouvoir à la junte et suspendrait la plupart des droits civils.
     
    Il y a deux manière de considérer les événements. On peut dire que beaucoup de choses sont arrivées, qu'il y a une escalade, que des gens meurent dans les deux camps, qu'un hélicoptère a été abattu, que des unités ont refusé d'obéir à des ordres criminels, etc. Mais on peut aussi dire que d'un point de vue purement militaire, il n'est rien arrivé du tout. Voyez vous-mêmes:
     
    Qu'est-ce qui s'est passé depuis que la junte a commencé son opération terroriste en Novorossiya?  Slaviansk et Kramatorsk ont été assiégées et bombardées. La junte a pris les aéroports près de Slaviansk/Kramatorsk et Donetsk. Et c'est tout.
     
    Si vous pensez que ces aéroports ont une importance stratégique, je vous dis tout de suite qu'il n'en est rien. Dans la plupart des conflits les aéroports ont une grande importance, notamment les pistes et les radars. Mais dans le cas présent, la prise des aéroports de Slaviansk/Kramatorsk et Donetsk n'a été d'aucune utilité à la junte car il y a encore trop de combats autour d'eux pour pouvoir les utiliser en toute sécurité. De plus, à quoi servent les aéroports quand on peut aller partout en voiture? Et pour ce qui est d'empêcher les FDN ou les Russes d'y atterrir s'ils décidaient d'intervenir, les FDN n'ont pas d'aviation et les Russes n'ont aucun besoin d'un aéroport pour amener un régiment, une brigade ou même une division aéroportés. Alors pourquoi la junte a-t-elle envoyé ses meilleurs soldats prendre ces aéroports? C'est très simple. Parce que ce ne sont pas des villes. Parce qu'ils sont situés en dehors des villes, je veux dire. Le fait est que la junte n'a tout simplement pas les forces nécessaires pour occuper et contrôler la moindre ville, et c'est pourquoi elle choisit des objectifs en dehors des villes.
     
    Petr Poroshenko a annoncé que ce que la junte appelle "l'opération anti-terroriste" ne devrait pas durer des semaines mais seulement quelques heures. Alors on se le demande, si toutes les forces réunies de la junte (armée + escadrons de la mort) n'ont pas réussi à prendre Slaviansk (hab: 130'000) ni Kramatorsk (hab: 165'000), quelles chances ont-ils de prendre Donetsk (hab: 1'000'000)?  Zéro, bien sûr.
    Et même moins que zéro si cela doit être fait en quelques jours et heures.
     
    Alors qu'est-ce que tout cela signifie?
     
    Les leaders politiques et la junte sont-ils simplement idiots ou très mal informés?
     
    Non, ce n'est pas si simple. D'abord, parler de la "stratégie de la junte" ou de la "stratégie de Poroshenko" est une erreur car cela revient à corroborer le mythe que l'Ukraine aurait un gouvernement indépendant. Ce qui n'est pas le cas. En réalité toutes les décisions sont prises par l'oncle Sam et ses représentants à  Kiev, et les soi-disant autorités ne font que collaborer avec les USA et obéir aux ordres. Et malgré tous leurs défauts, les types de Washington DC ne sont ni stupides ni mal informés. Alors quelle est leur stratégie dans cette vraiment drôle de guerre?
     
    L'idéal, pour les Américains, serait de provoquer une intervention militaire russe pour protéger la Novorossiya. Cela recréerait les tensions de la Guerre Froide que ces gens-là regrettent tant. Cela justifierait l'existence de l'OTAN et, si tout se passait comme prévu, ça pourrait même aboutir à un face à face des forces de l'OTAN et des forces russes sur la rivière Dniepr. Ce serait le rêve pour le complexe militaire étasunien; ça lui permettrait d'atteindre son principal objectif: maintenir l'Europe en colonisation et empêcher son intégration avec l'est. Loin d'être idiote, cette stratégie est brillante car elle ne laisse que deux options à Poutine: s'il n'intervient pas, Poutine aura l'air faible et hésitant, et même traître au peuple russe, mais s'il intervient, alors Poutine sera le "nouvel Hitler" ou le "nouveau Staline", un fou nationaliste russe obsédé par l'idée de reconstruire l'Union Soviétique en écrasant les Européens épris de liberté sous ses tanks. Ce sont des clichés? Oui, évidemment, mais ils seront repris en boucle. Quoiqu'il fasse, Poutine est perdant.
     
    Deuxième option: épuiser les FDN jusqu'à ce qu'elles se rendent. Ce n'est pas très vraisemblable mais c'est possible en théorie. Si cela arrivait, cela serait présenté comme une double victoire pour Poroshenko: il aurait écrasé les "terroristes" et "intimidé l'ours russe". Tout cela n'est pas très réaliste mais les Américains le considèrent peut-être comme une possibilité.
     
    Troisième option: la vieille stratégie étasunienne du "ce que je ne peux pas avoir, je le détruits". Il s'agit donc ici de détruire et d'endommager autant de Novorossiya que possible, pour que la reconstruction soit aussi longue et coûteuse que possible.  Cela sert en même temps de leçon à tous ceux qui oseraient défier l'Empire: si vous désobéissez, cela vous coûtera très cher.
     
    Les options russes:
     
    Comme je l'ai déjà dit la Russie n'a pas beaucoup de choix. Toute intervention directe en Ukraine - qui en termes militaires serait une sottise - aurait des conséquences terribles pour la future stabilité de l'Europe. En fait, en n'intervenant pas, la Russie refuse aux USA la guerre froide n° 2 qu'ils désirent tant. Si la Russie intervenait, et c'est une chose possible, cela signifierait que le Kremlin accepte que toute l'Europe se subordonne à nouveau totalement aux intérêts étasuniens.
     
    La Russie a bien sûr la possibilité d'aider secrètement les FDN et je suis sûr qu'elle le fait déjà mais elle doit le faire avec prudence et discrétion de façon à ne pas donner prise aux USA. De fait, on voit sur des vidéos des armes anti-chars et anti-missiles de pointe qui prouvent que la résistance reçoit de l'aide.
     
    La Russie fait aussi fuiter des renseignements sur les unités ukrainiennes qui se battent contre le peuple du Donbass. Par ex, la TV russe a annoncé hier que les unités suivantes étaient impliquées dans le bombardement de l'aéroport de Donetsk : la brigade d'aviation tactique 299 de Nikolaev (Su-25) et la 40ième brigade d'aviation de Vasilkovo (MiG-29) qui utilise l'Ecole d'Aviation Ivan Kozhedub de Kharkov (Mi-24; Mi-8) comme base d'opérations de combats. Les bloggers russes ont aussi fait fuiter les photos et les noms des pilotes.
     
    Des juristes russes ont créé des firmes légales spéciales pour recueillir les témoignages des Ukrainiens dont les droits civils ou humains ont été violés par la junte pour la poursuivre en justice. Les tribunaux ukrainiens rejetteront sûrement les plaintes mais alors les Russes pourront aller devant la Cour européenne des droits de l'homme.
     
    La bonne nouvelle pour la Russie est que la junte est tout à fait incapable de prendre Donetsk ou Lugansk. Et même si elle parvenait à entrer dans ces villes, elle ne pourrait pas les contrôler. Les stratèges militaires russes le savent très bien. Après tout, les Russes ont plus d'expérience des combats urbains que n'importe quelle autre armée du monde: pendant la seconde guerre mondiale, les forces soviétiques ont libéré 1200 villes de l'armée germanique et cette expérience a été étudiée encore et encore dans les académies militaires russes. De plus, même si à l'heure actuelle, une minorité d'hommes en âge de combattre a rejoint les FDN, les bombardements continuels et la peur des assauts de la junte motivent de plus en plus d'hommes à les rejoindre.
     
    Le temps joue en faveur de Novorossiya et de la Russie.
     
    Mon sentiment est que Poroshenko va bientôt annoncer une sorte "d'initiative de paix" qui ne sera sans doute pas un complet retrait des forces de la junte de Novorossiya comme le demandent les autorités locales, mais qui inclura une "suspension" des combats.  Poroshenko -qui est loin d'être idiot - sait qu'il doit absolument négocier avec les Russes et il sait aussi que les Russes refuseront de négocier avec lui tant que les combats continueront. Je ne peux pas le prouver mais je crois que Poroshenko comprend très bien tout cela mais il lui reste à convaincre les Etasuniens d'accepter la réalité du terrain. Pour le moment, Poroshenko peut se cacher derrière le prétexte qu'il n'a pas encore été formellement investi, mais bientôt (le 7 juin) il ne le pourra plus et je pense qu'aussitôt investi il proposera un arrangement de paix.
     
    Jusque là les Russes devront attendre en grinçant des dents à chaque nouvelle atrocité commise par les escadrons de mort néo-nazis de la junte. L'heure de la vengeance sonnera mais la priorité est de dénier à l'Empire la guerre froide qu'il essaie de déclencher de toutes ses forces. 
     
    The Saker
     
    Pour consulter l'original: http://vineyardsaker.blogspot.fr/2014/05/ukraine-sitrep-may-29th-1554-utczulu.html
     
    Traduction: Dominique Muselet
    http://www.alterinfo.net/Ukraine-La-drole-de-guerre-de-Poroshenko_a102970.html
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    « Le Grand Échiquier » de Zbigniew Brzezinski


    Très proche de l’exécutif américain, ancien conseiller à la sécurité de la présidence des Etats-Unis, expert fort écouté du Center for Strategic and International Studies, membre du très influent Council on Foreign Relations, Zbigniew Brzezinski est loin d’être un personnage de second rang. Quelques années après le médiatique « Clash of civilisations » de Samuel P. Huntington, où développant le concept d’Occident cet auteur désignait les adversaires des Etats-Unis et l’importance du bloc islamo-confuséen, et où le paradigme de l’après Guerre Froide devenait le choc des civilisations, Brzezinski faisait paraître The grand chessboard. Cet ouvrage est un examen sérieux de géopolitique mondiale, et trace les objectifs stratégiques des Etats-Unis pour les prochaines décennies.

     

    Suite ici :

     

    http://mecanoblog.wordpress.com/2012/03/01/le-grand-echiquier-de-zbigniew-brzezinski/

     


    Permalien de l'image intégrée

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    Demain, l'après Maidan, Ukraine ?

     

     

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