• Potager citoyen, gratuit. Tout le monde plante, cultive, se sert (+ vidéo et liens)

     

     

    Nourriture à partager - http://www.incredible-edible.info/?p=200

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    "Incredible edible" : un potager citoyen et gratuit pour tous ? Pas si fous ces Anglais

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    A Todmorden, petite ville du nord de l’Angleterre, des citoyens résistent à la crise en faisant pousser fruits et légumes en libre-service.

     

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    (De Todmorden, en Grande-Bretagne) Par un pluvieux matin d’avril, François Rouilllay, activiste alsacien, nous alerte sur un « phénomène de société sans précédent : l’autosuffisance alimentaire des territoires, ça marche ! »

    Cet enthousiaste à la barbe blanche venait de semer les germes de ce qu’on pourrait appeler la révolution « peas & love » et, à coup de Google Maps et de groupes Facebook, nous annonçait la naissance d’une communauté sans frontière, celle des « Incredible Edible », qu’il a traduit en français par « Incroyables comestibles ».

    A Todmorden, dans le nord de la Grande-Bretagne, nous dit-il, vidéo à l’appui, la révolution industrielle a laissé place à la révolution écologique. Dans ces vertes collines frappées par la crise des subprimes, un groupe de citoyens aurait planté fruits et légumes partout dans la ville et les 14 000 habitants n’auraient ainsi plus qu’à se baisser pour se nourrir.

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    Vidéo des « Incredible Edible » §§§§§

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    Intriguée, je suis allée voir sur place si les Anglais avaient bien inventé le potager citoyen.

    Estelle me donne rendez-vous au Bear Cafe, un salon de thé branché situé à l’étage d’une épicerie bio. C’est d’ici qu’il y a quatre ans, tout est parti. Cette retraitée spécialiste des « teddy bears » (nounours) en bois se souvient :

    « Pam est revenue très angoissée d’une conférence de Tim Lang, enseignant en durabilité, au sujet des villes en transition. Elle s’est dit que face au pic pétrolier, on ne pouvait tout attendre du gouvernement, qu’il fallait être intelligent.

    Avec Mary, elles ont pensé à une action concrète, se sont dit : “La nourriture, c’est la chose que tout le monde partage.” Puis, elles ont passé une annonce dans le journal local et, à leur grande surprise, une soixantaine de personnes sont venues. A la sortie, tout le monde voulait commencer à cultiver tout de suite. A 21 heures, en plein mois de février ! »

    Pas de vol possible, c’est à tout le monde

    Les copines ont d’abord planté des blettes en bordure de trottoir, le long du canal. Sans demander d’autorisation. Estelle en rit encore :

    « Imaginez la police arrêter une dame de 68 ans pour avoir planté... D’ailleurs, depuis, le prince Charles [et le premier ministre David Cameron, ndlr] nous a rendu visite. Il était très fier de nous. »

    L’heure de la récolte venue, quel risque y a-t-il que tout soit pillé ? Aucun, assure Estelle :

    « Il n’a pas été utile de mettre un panneau “Merci de ne prendre que ce dont vous avez besoin”, car on n’a jamais vu quelqu’un prendre plus que ce dont il avait besoin. Ça appartient à tout le monde, donc il ne peut pas y avoir de vol. »

    Aujourd’hui, les panneaux « Servez-vous » ont disparu des quelque 70 bacs qui parsèment la ville.

    Expliquer que ça ne fait pas de mal


    Nick dans sa serre à Todmorden, en juin 2012 (Sophie Verney-Caillat/Rue89)

     

    Dans les serres qu’il a installées à l’orée de la ville, je rencontre Nick, un autre fondateur des Incredible Edible. Ce rouquin en salopette me prévient tout de suite que, lui, il a « le sens du business » (touche-à-tout, il a notamment investi dans l’immobilier).

    Avec sa compagne Helena, ils parcourent chaque été l’Europe dans leur camping-car. En France, il avait été frappé par une différence culturelle majeure :

    « Chez vous, il y a une fierté à avoir des potagers. Ici, en Angleterre, c’est la honte, ça veut dire que vous êtes pauvres. D’ailleurs le mot “potager” n’existe même pas. »

    Helena est fan d’herbes aromatiques, et a l’esprit du « guerilla gardening » (même si elle préfère le terme d’« accidental gardening »), et elle sème surtout des graines de citronnelle, sauge et fenouil.

    Nick et elle ont planté des arbres fruitiers dans les jardins publics, puis les passants ont commencé à leur poser des questions. C’est comme ça que Nick s’est fait prêter des bouts de terre où il a pu s’essayer à la permaculture.

    Ces anciens hippies assument volontiers leur côté « naughty » (vilain) :

    « Quand on fait pousser des légumes gratuitement, il faut expliquer à ceux qui vont les manger que ça ne leur fera pas de mal. C’est une déclaration unilatérale de générosité. »

    « La rhubarbe a un trop grand succès »

    Essaimage

    Une trentaine de ville ont vraiment imité Todmorden et reproduit le réseau des Incredible Edible. Tous les outils développés par les pionniers sont mis en accès libre sur leur site.

    De Fréland (Alsace) à Versailles, Nick et Helena font cet été la tournée des initiatives, jusqu’en Roumanie.

    En ce samedi de juin, Estelle et Helena passent devant l’hôpital, l’école, le poste de police... où pousse leur production. Elles hument le fenouil, goûtent les fraises et vérifient que les rhubarbes n’ont pas été récoltées trop tôt :

    « Face au trop grand succès, on a mis du fumier pour dissuader les amateurs.

    S’il y a trop de fraises mûres à la fois, on fait des confitures. »

    Ni traitement chimique, ni même insecticide, tout pousse naturellement. « La nourriture est à partager... avec les insectes aussi ! », m’expliquent ces amatrices d’abeilles.

    Après avoir « mangé la rue », Helena va acheter sa viande au marché, où les bouchers affichent leur fierté de produire local, et Estelle fait un petit tour au supermarché discount :

    « Ils ont la meilleure huile d’olive et jusqu’à présent, les oliviers ne poussent pas encore à Todmorden. »


    Estelle goûte du fenouil à Todmorden, en juin 2012 (Sophie Verney-Caillat/Rue89)

     

    « Les gens ont oublié que la nourriture sort du sol »

    L’autosuffisance alimentaire dont nous parlait François l’Alsacien et que les Incredible Edible s’étaient juré d’atteindre en 2018 est une utopie lointaine. Nick commence à vendre les légumes issus des deux hectares qu’il cultive avec des jeunes en réinsertion, à la périphérie de la ville. Il en a tiré 800 livres (1 025 euros) l’an dernier et espère qu’une poignée de personnes arriveront à en vivre :

    « On a besoin de faire de la publicité, il faut du temps pour faire changer les mentalités. »

    Pour l’heure, ce sont surtout les enseignants qui tirent profit de l’expérience : les enfants des sept écoles de la ville ont des cours d’agriculture et le lycée va créer sa propre pêcherie. Demain, la cantine scolaire cuisinera essentiellement la production locale.

    Ici, les agriculteurs sont tous des éleveurs. Moutons, vaches... ils n’ont jamais imaginé faire pousser des légumes. Le climat est supposé trop froid et trop humide. Alors, assure Nick :

    « Si on arrive à produire une nourriture saine, de qualité et avec zéro empreinte carbone, que quelques personnes en vivent, c’est énorme. En Angleterre, plein de gens ont oublié que la nourriture sort du sol. »

    « Plus facile de tout acheter au supermarché »

    En attendant, la petite cité grise regorge de « pubs gastro ». Les « foodies », ces fans de bonne chère, que Jamie Oliver a remis au goût du jour, s’échangent leurs recettes et les potagers privés se multiplient.

    Avec la crise, l’autosuffisance alimentaire est en train de devenir une quête par nécessité. L’épisode du nuage de cendres provoqué par le volcan islandais en avril 2010 a changé la donne, se souvient Estelle :

    « Les gens ont soudain réalisé qu’ils étaient dépendants des importations, il n’y avait plus rien de frais dans les rayons du supermarché. Là, ils ont commencé à nous prendre au sérieux. »

    La ville a donné un peu de terre, du compost, et une subvention pour la construction des carrés en bois.

    Jayne Booth, conseillère régionale, assure que la criminalité a nettement baissé depuis les débuts des Incredible Edible, et veut y voir un rapport. « Il y a un très bon sens de la communauté dans cette petite ville », jure-t-elle.

    Mais Hazal, serveuse dans un pub, n’est pas convaincue :

    « Je mange des plats tout prêts car je n’ai pas le temps de cuisiner, et puis je ne sais jamais quand c’est mûr. De toute façon, c’est plus rapide et facile de tout acheter au supermarché. »

    Elle voit des gens remplir des grands sacs de légumes, « et pas seulement avec ce dont ils ont besoin ». Elle regrette :

    « On ne peut pas les punir puisque c’est gratuit. Il n’y a pas de connexion entre ceux qui donnent leur temps et ceux qui consomment le travail des autres. »

    Entre Hazal et les partisans du potager citoyen, impossible de savoir qui a raison. La récolte est-elle fauchée par des pillards ou dégustée avec parcimonie ? Le secret est dans les estomacs.


    MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
    http://www.rue89.com/rue89-planete/2012/07/30/un-potager-citoyen-et-gratuit-pour-tous-pas-si-fous-ces-anglais-233804
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    VIDEO publiée le 23 mars 2012 par

    Court-métrage mettant en évidence le travail totalement novateur d'auto-production de l'alimentation locale des "Incroyables Comestibles de Todmorden" par la participation des habitants en coopération avec les forces économiques, associatives et politiques du territoire, rendant possible l'autonomie alimentaire de la population.

    Musique / Production / Réalisation / Montage -- Steve Hay
    Narration -- Richard Tranmer
    Sous-titrage -- Véronique et François de l'équipe I.E. Fréland
    Production de la version sous-titrée en français avec l'aimable
    autorisation de 'Haymedia'.

    Consultation version originale sur Vimeo :
    http://vimeo.com/36838823

    Site Incredible Edible Tormorden :
    http://www.incredible-edible-todmorden.co.uk/

    Site pilote "Incredible Edible" à Fréland :
    http://www.incredible-edible-freland.fr/

    Site de coordination "Incredible Edible" sur la France :
    http://www.incredible-edible.info/

    Méthode simple et gratuite de participation ouverte à tous :
    http://www.incredible-edible-freland.fr/?page_id=56

    Rapports des travaux en français sur l'expérience de la Transition "Incredible Edible Todmorden" et de la Nouvelle Économie Vertueuse de l'abondance partagée rendue possible par le processus de co-création du Nouveau Paradigme avec la participation citoyenne :
    http://www.incredible-edible.info/?page_id=690

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    Une nouvelle économie vertueuse

    Vidéos sur le site

    http://www.incredible-edible.info/?p=200

     


     

    En découvrant les incroyables comestibles pour la première fois, plusieurs personnes ont posé la même question : mais si les fruits et légumes sont gratuits partout dans la ville de Todmorden, comment l’économie locale peut-elle s’en sortir ? Ou encore, que deviennent les maraîchers locaux ou les marchands de légumes ?  Nous allons tenter de regarder de près cet aspect des choses essentiel, puisqu’il concerne l’argent et les revenus, ainsi que la richesse produite par ce nouveau mode de vie totalement transparent, éthique, solidaire et co-responsable.

     

    En fait, la réponse est simple. Le processus des incroyables comestibles est un catalyseur. Il permet d’aider à opérer un changement de regard qui conduit à créer une autre façon de vivre harmonieuse, féconde et bienveillante. Les habitants quittent la croyance erronée que tout est séparé, divisé, et conflictuel pour survivre, et prennent conscience qu’en réalité, tout est relié et interagit. Par conséquent, du point de vue collectif, si vous agissez avec des intentions de dialogue, de respect de l’autre, sans jugement, en acceptant les différences de chacun, dans le partage et les coopérations à tous les niveaux, vous créez une nouvelle dynamique vertueuse, et donc, au bout du compte, une nouvelle économie vertueuse. Il y a une co-responsabilité de chaque co-créateur dans ce nouveau type d’échange.


     

    Maintenant, qu’en est-il de l’économie locale des territoires de plus en plus nombreux qui font le choix de ce nouveau système ? Nous dirions, qu’avec ce nouveau regard et cette nouvelle façon d’agir individuellement et collectivement, il y a un changement complet du cadre initial qui offre de nouvelles perspectives inédites. Par exemple, il y a une quantité croissante de bacs de plantations sur l’espace public de Todmorden où on peut se servir des fruits et légumes gratuitement. Il est évident que la totalité des bacs de partage ne suffit pas à nourrir toute la population des 14.000 ou 15.000 habitants. Mais, grâce à l’action de ces bacs de partage, le catalyseur, les gens ont changé de regard, et de fil en aiguille, d’attitude et de comportement. Alors, chacun agit différemment dans son quotidien par la conscience qu’on est co-responsable et donc co-créateur du tout, c’est à dire de l’ensemble du système, de l’ensemble de la communauté locale. Il y a par conséquent un désir de plus en plus fort d’aider l’autre, car en aidant l’autre, on renforce toute la communauté, et donc soi-même.


     

    Prenons un exemple concret pour illustrer la façon dont le changement s’opère. Vous avez un apiculteur qui produit avec ses abeilles une certaine quantité de miel dans une petite entreprise familiale locale. Cet apiculteur vit de son activité. Et avec les revenus du miel qu’il produit chaque année, il doit satisfaire les besoins de son foyer. Dans l’ancien système séparé, cet artisan va vendre son miel sur le marché de la commune. Cela ne suffit pas à écouler son stock. Alors, il va passer un temps considérable à aller de plus en plus loin de chez lui pour vendre sur les marchés des villages voisins. Cet apiculteur arrive ainsi difficilement à vendre au meilleur prix 30 ou 40, voire 50 % de sa production. Pour le reste, il va devoir céder son stock invendu localement à des distributeurs intermédiaires, à des prix très bas, où son miel partira on ne sait où.


     

    Or, c’est « la vente obligée » auprès de ce distributeur qui fait que ce petit producteur abandonne sa marge bénéficiaire, le fruit de son travail. Et ainsi, comme de nombreux petits producteurs agissant dans le système de la compétition, il est toujours sur le fil du rasoir et a du mal à s’en sortir. Pendant ce temps, les habitants de sa commune qui n’ont pas acheté le miel au marché, représentant la plus grande quantité de la consommation locale dans les pratiques consuméristes de l’ancien système, vont se rendre dans des boutiques d’approvisionnement de chaines de distribution et acheter du miel produit, la plupart du temps, à des distances éloignées du lieu de fabrication, voire à l’autre bout du monde. Ce sinistre scénario se reproduit actuellement pour de nombreux artisans et petits producteurs locaux partout.


     

    Dans le cas de la ville de Todmorden, ou de toutes les autres qui ont fait le choix de changer de pratique par ce changement de regard, on recherche tout ce qu’il est possible d’imaginer pour arriver à l’autonomie alimentaire locale. Et fin 2011, les habitants de Todmorden étaient délà à 83 % de cet objectif, après trois années d’expérimentation du processus. Imaginez le gain pour chaque producteur local, comme notre apiculteur, lorsque tout, ou presque tout, est produit et consommé localement. L’apiculteur n’a plus besoin d’abandonner sa marge à des intermédiaires. Il retrouve une certaine sérénité, car il n’est plus en tension perpétuelle avec un avenir incertain, ni constamment sur le fil du rasoir. C’est pareil pour tous les autres fermiers, maraichers et artisans locaux. Il suffit de les écouter s’exprimer dans le reportage vidéo « Incredible Edible Todmorden ». On a changé de système.


     

    Les commerçants locaux ne sont pas perdants non plus, parce que il y a un rééquilibrage des ventes. Ce qui est produit localement est privilégié par les clients qui sont devenus des consommateurs éco-responsables et solidaires à l’échelle de toute la collectivité. De plus, la collectivité locale qui était en déclin depuis une centaine d’années, retrouve une nouvelle dynamique car elle rayonne. On cherche des guides interprètes des langues du monde entier pour accompagner les visiteurs étrangers de plus en plus nombreux à venir à Todmorden pour comprendre comment une telle économie vertueuse est possible et applicable partout, seulement par le fait de changer de regard. 

     


     

    Nous tenterons tout au long de cette expérience des incroyables comestibles de partager sur ce site les exemples de plus en plus nombreux, ainsi que les témoignages d’acteurs qui deviennent les co-créateurs de cette nouvelle économie vertueuse basée sur le partage et la co-responsabilité.


     

    Vous êtes toutes et tous les bienvenus dans cette belle expérience qui n’est plus du domaine de l’utopie, mais bien une nouvelle réalité pour de plus en plus de gens dans de nombreux pays, comme vous pouvez vous en rendre compte sur la carte géographique de localisation des incroyables comestibles dans le monde. Le lien de cette carte est ICI. Sur les onglets du menu horizontal du haut de page du site, vous pourrez prendre connaissance, pays par pays, territoire par territoire, communauté locale par communauté locale, que l’abondance partagée produite par les incroyables comestibles est bien devenue une nouvelle réalité pour de plus en plus d’habitants partout dans le monde, ou en phase de le devenir selon le choix des acteurs.


     

     

    Par la transparence, la sincérité et l’intégrité, la confiance est restaurée.

    C’est la raison pour laquelle, les enfants sont nos guides.

    Bien amicalement à tous,

    François Rouillay

    xxx

    Si vous souhaitez faire la visite et découvrir la Green Route des incroyables comestibles sur le site, vous êtes cordialement invités à entrer par la grande porte, vous y êtes attendus en fête par les enfants et les citoyens jardiniers de l’abondance partagée. L’entrée se situe là où tout à commencé, c’est-à-dire à Todmorden, au Royaume-Uni.

    Le lien vers la Parade Festive se trouve ICI.

     

    Vidéos ici :

    http://www.incredible-edible.info/?p=200


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