• Copé le clone de Sarkozy et de Romney, une dangereuse radicalité

    Le professionnalisme, c'est ce qui aura manqué à François Fillon. Reste une inconnue: qui est le vrai Jean-François Copé?

    Jean-François Copé, le 20 novembre 2012 à l'Assemblée nationale. REUTERS/Charles Platiau

    - Jean-François Copé, le 20 novembre 2012 à l'Assemblée nationale. REUTERS/Charles Platiau -

     

     

    Que retenir de cette invraisemblable feuilleton qui a vu Jean François Copé l'emporter sur le fil? La réponse était dans l'après-midi de mardi à l'Assemblée nationale: le nouveau président, par ailleurs député de Seine-et-Marne, s'est levé pour poser une question au Premier ministre en forme, bien sûr, de réquisitoire contre François Hollande et Jean-Marc Ayrault.


    Mais l'important n'était ni dans le formulé de la question, ni dans la réponse du Premier ministre, qui a bien entendu ironisé. L'important était, plus simplement, de créer l'occasion d'être ovationné par les députés de l'UMP, en présence des caméras de télévision, de façon à parfaire sa victoire. Façon élémentaire de donner le change car, lorsque l'on siège à droite, on ne peut qu'applaudir un orateur qui attaque le gouvernement. 


    Cela s'appelle du professionnalisme.


    C'est précisément ce qui a manqué à François Fillon dans la surveillance de l'organisation du scrutin. Exemple: samedi, veille du vote, si vous alliez sur le site de Jean-François Copé, vous pouviez obtenir un numéro de téléphone portable afin de transmettre votre procuration. 


    Sur le site de François Fillon, pour la même démarche, on vous conseillait... d'écrire à l'adresse du QG de l'ancien Premier ministre! J'ai dit procuration? Mais tout responsable politique sait que la procuration dans un parti est l'arme absolue de la fraude. Il eut donc fallu batailler pour les proscrire au lieu de laisser filer sans être à même, soi-même, d'alimenter le courant de ces procurations. Et ce n'est là, encore une fois, qu'un exemple.


    Deux chocs


    Il est vrai que Jean-François Copé était déjà le chef du parti, quand François Fillon n'avait été «que» le chef du gouvernement: ce sont là deux cultures différentes.

     

    Note d'eva :
    "Quand on tient l'appareil, commente Ségolène Royal, il est plus facile de manipuler les résultats". Curieuse victoire de Copé, en effet ! Alors que Fillon est le politicien le plus populaire en France !


    Que retenir donc? Que l'UMP a subi deux chocs. Un premier avec sa propre histoire. Car les statuts du parti ont été en fait rédigés pour le triomphe d'un seul. Telle est la culture héritée du RPR: le parti est là pour ordonner des bataillons autour d'un seul chef. Et Nicolas Sarkozy avait été élu, fort logiquement, avec plus de 80% des voix.


    Pour passer à une culture plus démocratique, il eut fallu, comme l'avait demandé en vain Henri Guaino, l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, admettre la pluralité des candidatures sans imposer un seuil de parrainages, qui a limité la bataille au duel Copé/Fillon. Sinon la fraude, du moins la maîtrise de l'appareil, aurait été plus difficile à obtenir avec une bataille plus large.


    Le second choc est celui qui conduit à l'opposition de l'électorat de la droite, aux deux tiers acquis à François Fillon, dont il faut peut-être rappeler qu'il est aujourd'hui, en France, l'homme politique le plus populaire, et l'appareil du parti, manifestement tenté par une ligne politique différente de celle que proposait François Fillon.


    C'est un schéma classique que les socialistes connaissent bien, eux qui gagnent leur congrès à gauche, pour ensuite tenter de gouverner au centre gauche. Néanmoins, rarement le fossé a paru aussi large. Après la bataille, et avant de recoller les pots cassés, qui cela peut-il servir?


    De l'oxygène pour le gouvernement


    Si l'on se place du point de vue du gouvernement, la situation est contrastée. Côtés positifs: l'accalmie, le fait que l'opposition ait dû baisser d'un ton. A dire vrai, le mouvement de recul des vociférations et admonestations en tous genres avait été amorcé par l'annonce du pacte de compétitivité, suivi par la conférence de presse réussie du président de la République. Le désordre et la bataille rangée à l'UMP ont donc ajouté un vrai ballon d'oxygène.


    A preuve, la relative banalisation de la perte du triple A de la France, décrétée par l'agence Moody's. Côté positif également: l'effet repoussoir, vis-à-vis du centre et des centristes fidèles à François Bayrou, qu'a eu inévitablement l'élection de Jean-François Copé.


    A l'inverse, si François Fillon l'avait remporté, il est fort à parier que François Bayrou et les siens auraient fait mouvement vers l'ancien Premier ministre. Le discours de Jean-François Copé a donc libéré un espace au centre. C'est ce qu'a aussi compris Jean-Louis Borloo, en proclamant que l'opposition a désormais deux leaders: Jean-François Copé et lui-même.


    Côtés négatifs: ce sont les conséquences possibles de la victoire de Jean-François Copé. Car ce dernier incarne une ligne radicale, jusqu'au-boutiste: d'entrée de jeu, sa préoccupation était de casser le climat d'apaisement que François Hollande avait souhaité installer. Ce que Jean-François Copé a théorisé en parlant de «résistance». Ce qui veut dire: faire flèche de tout bois, ne rien concéder, ne rien accepter avec, pour objectif et avantage tout aussi évidents, le fait de masquer le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy et son cortège de records négatifs.


    Exemple: après le pacte de compétitivité, doit suivre, selon le calendrier défini par François Hollande, la réforme du marché du travail. Dossier essentiel qui peut, s'il aboutit, donner tout son sens au pacte de compétitivité. Discussions difficiles mais vitales dans un domaine où la France, y compris celle de Nicolas Sarkozy, a toujours été conservatrice.


    La stratégie de l'échec


    Il y a précisément deux écoles au sein du Medef: l'une qui souhaite aboutir au nom de la sauvegarde de l'industrie française; l'autre, copéiste, qui souhaite au contraire l'échec, en conformité avec une stratégie censée préparer la première étape de la reconquête, c'est-à-dire les élections locales de 2014. A ce stade, il est difficile de savoir qui l'emportera au sein du Medef. Mais chacun avait bien compris que l'élection de François Fillon signifiait, pour tous ces patrons de PME que le Medef représente aussi, une incitation à conclure et non à s'opposer.


    Les commentaires qui ont accompagné cette élection ont consisté, pour l'essentiel, à dire que désormais Jean-François Copé serait obligé de concéder à la ligne Fillon et de faire un pas vers la modération. Mais qui peut le savoir, tant Jean-François Copé a pu en déconcerter plus d'un?


    Qui est le vrai Copé? Celui qui, pendant deux ans, ici même sur Slate.fr, a chaque semaine traité d'un dossier de la société française dans la perspective de ce que pourrait être une politique réformiste, disons de droite éclairée? Ou celui, pendant la campagne interne à l'UMP, qui a non seulement acheté la feuille de route écrite pour Nicolas Sarkozy par Patrick Buisson – au choix: un décalque pur et simple de la ligne Romney aux Etats-Unis, une thématique flirtant avec les idées du Front national – mais qui, aussi, s'est transformé presque physiquement en clone de Nicolas Sarkozy: même gestuelle, même scansion dans le phrasé, mêmes mots, comme s'il avait décidé que «je est un autre»...


    Un clone de Sarkozy


    Son problème principal est désormais le suivant: tout chef de parti est, en France, impopulaire. Et croire que, de cette position, on peut mécaniquement s'attribuer la candidature à l'élection présidentielle est une vue de l'esprit. Martine Aubry l'a d’ailleurs expérimenté à ses dépens.


    On touche là le seul avantage pour François Fillon de sa défaite: le voilà à l'abri de la vie partisane, parfaitement libre de cultiver sa popularité, de la faire grandir dans l'électorat de la droite et au-delà et d'organiser ses réseaux et sa future campagne. A la condition d'être un peu plus professionnel...


    Reste Nicolas Sarkozy, qui suit méticuleusement toutes ces opérations. Il ne se découvrira guère avant 2014. Et sans doute a-t-il pu penser que son retour aurait été plus difficile si l'appareil de l'UMP avait voté conformément aux souhaits de l'électorat de la droite et avait choisi François Fillon.


    Ce dernier est en effet résolument dans l'après-Sarkozy. Mais il ne faut pas prendre au pied de la lettre le sarkozysme de néophite dont a fait preuve Jean-François Copé: ayant marqué un point contre François Fillon, il lui reste, en vue de 2017, à trouver le moyen d'écarter Nicolas Sarkozy...


    Jean-Marie Colombani

     

    ancien Directeur du journal Le Monde

     

     

      http://www.slate.fr/story/65191/cope-fillon-et-perspectives

     

     

    Copé

     

    Jean François Coppé  dans la piscine du marchand d’arme franco-libanais Zad Takieddine

     

     

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    Pourquoi Sarkozy gouvernera avec l’extrême droite
     

     

    Patrick Buisson dans sa jeunesse,

    lorsqu'il travaillait au Journal Minute
     
    Les années Minute de Patrick Buisson, conseiller de Sarkozy- Rue-89 : "
    Celui qui vante au Président la chasse aux voix FN est un ex-journaliste de l'hebdo d'extrême-droite. Nous avons relu ses articles." voir UMP et les mouvements racistes - citizenkhane, face au racisme : virons les lois scélérates et ceux qui l'imposent

     

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