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    L’attentat contre Charlie Hebdo : l’occultation politique et médiatique des causes, des conséquences et des enjeux
    Saïd Bouamama

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    11 janvier 2015

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    L’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo marquera notre histoire contemporaine. Il reste à savoir dans quel sens et avec quelles conséquences. Dans le contexte actuel de « guerre contre le terrorisme » (guerre extérieure) et de racisme et d’islamophobie d’Etat, les artisans de cet acte ont, consciemment ou non [1] accéléré un processus de stigmatisation et d’isolement de la composante musulmane, réelle ou supposée, des classes populaires.

     

    « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. » Bertolt Brecht

    Les conséquences politiques de l’attentat sont déjà désastreuses pour les classes populaires et cela va se renforcer si aucune alternative politique à la fameuse « Union Nationale » n’est proposée.

    En effet, la manière dont les médias français et une écrasante majorité de la classe politique réagissent est criminelle. Ce sont ces réactions qui sont dangereuses pour l’avenir et qui portent en elles de nombreux « dégâts collatéraux » et de futurs 7 et 9 janviers toujours plus meurtriers. Comprendre et analyser pour agir est la seule posture qui peut permettre aujourd’hui d’éviter les instrumentalisations et dévoiements d’une émotion, d’une colère et d’une révolte légitime.

    L’occultation totale des causes

    Ne pas prendre en compte les causalités profondes et immédiates, isoler les conséquences du contexte qui les fait émerger et ne pas inscrire un événement aussi violent dans la généalogie des facteurs qui l’ont rendu possible condamne, au mieux, à la tétanie, au pire, à une logique de guerre civile. Aujourd’hui, personne dans les médias n’aborde les causes réelles ou potentielles. Pourquoi est-il possible qu’un tel attentat se produise à Paris aujourd’hui ? Comme le souligne Sophie Wahnich, il existe « un usage fasciste des émotions politiques de la foule » dont le seul antidote est le « nouage possible des émotions et de la raison » [2]. Ce que nous vivons aujourd’hui est ce cantonnement des discours médiatiques et politiques dominants à la seule émotion, en occultant totalement l’analyse réelle et concrète. Toute tentative d’analyse réelle de la situation, telle qu’elle est, ou toute analyse tentant de proposer une autre explication que celle fournie par les médias et la classe politique, devient une apologie de l’attentat.

    Regard sur le ventre fécond de la bête immonde

    Regardons donc du côté des causes et d’abord de celles qui relèvent désormais de la longue durée et de la dimension internationale. La France est une des puissances les plus en guerre sur la planète. De l’Irak à la Syrie, en passant par la Libye et l’Afghanistan pour le pétrole, du Mali à la Centrafrique, en passant par le Congo pour les minerais stratégiques, les soldats français contribuent à semer la mort et le désastre aux quatre coins de la planète. La fin des équilibres mondiaux issus de la seconde guerre mondiale avec la disparition de l’URSS, couplée à une mondialisation capitaliste centrée sur la baisse des coûts pour maximiser les profits et à la nouvelle concurrence des pays émergents, font de la maîtrise des matières premières la cause principale des ingérences, interventions et guerres contemporaines. Voici comment le sociologue Thierry Brugvin résume la place des guerres dans le monde contemporain :

    « La conclusion de la guerre froide a précipité la fin d’une régulation des conflits au niveau mondial. Entre 1990 et 2001 le nombre de conflits interétatiques a explosé : 57 conflits majeurs sur 45 territoires distincts. […] Officiellement, le départ pour la guerre contre une nation adverse est toujours légitimé par des mobiles vertueux : défense de la liberté, démocratie, justice… Dans les faits, les guerres permettent de contrôler économiquement un pays, mais aussi de faire en sorte que les entrepreneurs privés d’une nation puissent accaparer les matières premières (pétrole, uranium, minerais, etc.) ou les ressources humaines d’un pays. » [3]

    Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le discours de légitimation des guerres s’est construit essentiellement sur le « danger islamiste » contribuant au développement d’une islamophobie à grande échelle au sein des principales puissances occidentales, que les rapports officiels eux-mêmes sont contraints de constater. [4] Dans le même temps, ces guerres produisent une solide « haine de l’occident » dans les peuples victimes de ces agressions militaires. [5] Les guerres menées par l’occident sont une des principales matrices de la bête immonde.

    Dans la volonté de contrôle des richesses pétro-gazières, le Proche et le Moyen-Orient sont un enjeu géostratégique central. Les stratégies des puissances occidentales en général et françaises en particulier, se déploient sur deux axes : le renforcement d’Israël comme base et pivot du contrôle de la région, et le soutien aux pétromonarchies réactionnaires du golfe.

    Le soutien indéfectible à l’Etat d’Israël est ainsi une constante de la politique française ne connaissant pas d’alternance, de Sarkozy à Hollande. L’État sioniste peut assassiner en toute impunité sur une grande échelle. Quels que soient l’ampleur et les moyens des massacres, le gérant local des intérêts occidentaux n’est jamais véritablement et durablement inquiété. François Hollande déclare ainsi lors de son voyage officiel en Israël en 2013 : « je resterai toujours un ami d’Israël ». [6]

    Et, là aussi, le discours médiatique et politique de légitimation d’un tel soutien se construit sur la base d’une présentation du Hamas palestinien mais également (à travers des imprécisions verbales récurrentes) de la résistance palestinienne dans son ensemble, de la population palestinienne dans son ensemble et de ses soutiens politiques internationaux, comme porteurs d’un danger « islamiste ». La logique « du deux poids, deux mesures » s’impose une nouvelle fois à partir d’une approche islamophobe portée par les plus hauts sommets de l’État et relayée par la grande majorité des médias et des acteurs politiques. Tel est le second profil du ventre de la bête immonde.

    Ces facteurs internationaux se conjuguent à des facteurs internes à la société française. Nous avons déjà souligné, plus haut, l’islamophobie d’État, propulsée par la loi sur le foulard en 2004 et entretenue depuis régulièrement (discours sur les révoltes des quartiers populaires en 2005, loi sur le niqab, « débat » sur l’identité nationale, circulaire Chatel et exclusion des mères voilées des sorties scolaires, harcèlement des lycéennes en jupes longues, interdiction des manifestations de soutien au peuple palestinien, etc.).

    Il faut maintenant souligner que ce climat islamophobe n’a été confronté à aucune réponse par les forces politiques se réclamant des classes populaires. Plus grave, un consensus très large s’est fait jour à plusieurs reprises, au prétexte de défendre la « laïcité » ou de ne pas frayer avec « ceux qui défendent le Hamas ». De l’extrême-droite à une partie importante de l’extrême gauche, les mêmes arguments ont été avancés, les mêmes clivages ont été construits, les mêmes conséquences ont été produites.

    Le résultat n’est rien d’autre que l’enracinement encore plus profond des islamalgames, l’approfondissement d’un clivage au sein des classes populaires, la fragilisation encore plus grande des digues antiracistes déjà fragilisées, et des violences concrètes ou symboliques exercées contre les musulmans et les musulmanes. Ce résultat peut se décrire, comme le propose Raphaël Liogier, comme la diffusion, dans une partie importante de la société, du « mythe de l’islamisation » débouchant sur la tendance à constituer une « obsession collective ». [7]

    La tendance à la production d’une « obsession collective » s’est de surcroît encore approfondie avec le traitement médiatique récent des cas Zemmour et Houellebecq. Après lui avoir offert de multiples tribunes, Eric Zemmour est renvoyé d’I-télé pour avoir proposé la « déportation des musulmans français ». Dans le contexte d’obsession collective que nous avons évoquée, cela lui permet de se poser en victime. Quant à l’écrivain, il est défendu par de nombreux journalistes au prétexte de ne pas confondre fiction et réalité. Dans les deux cas cependant, il reste un approfondissement de « l’obsession collective » d’une part, et le sentiment d’être insulté en permanence une nouvelle fois, d’autre part. Tel est le troisième profil du ventre de la bête immonde.

    Ce facteur interne d’une islamophobie banalisée a des effets décuplés dans le contexte de fragilisation économique, sociale et politique générale des classes populaires aujourd’hui. La paupérisation et la précarisation massive sont devenues insoutenables dans les quartiers populaires. Il en découle des rapports sociaux marqués par une violence grandissante contre soi et contre les proches. A cela, se combinent le déclassement d’une part importante des classes moyennes, ainsi que la peur du déclassement pour ceux chez qui tout va encore bien mais qui ne sont pas « bien nés ». Ceux-là, se sentant en danger, disposent alors d’une cible consensuelle déjà toute désignée médiatiquement et politiquement comme légitime : le musulman ou la musulmane.

    La fragilisation touche encore plus fortement la composante issue de l’immigration des classes populaires, qui est confrontée aux discriminations racistes systémiques (angle absolument mort des discours des organisations politiques se réclamant des classes populaires), celles-ci produisant des trajectoires de marginalisation (dans la formation, dans l’emploi, dans la recherche du logement, dans le rapport à la police et aux contrôles au faciès, etc.). [8]

    L’approfondissement du clivage entre deux composantes des classes populaires dans une logique de « diviser ceux qui devraient être unis (les différentes composantes des classes populaires) et d’unir ceux qui devraient être divisés (les classes sociales aux intérêts divergents) » est le quatrième profil du ventre de la bête immonde.

    De quoi accouche un tel ventre ?

    Une telle matrice est à l’évidence propice à l’émergence de trajectoires nihilistes se traduisant par la tuerie à Charlie Hebdo. Extrêmement minoritaires, ces trajectoires sont une production de notre système social et des inégalités et discriminations massives qui le caractérisent.

    Mais ce qu’ont révélé les réactions à l’attentat est tout autant important et, quantitativement, bien plus répandu que l’option nihiliste (pour le moment ?). Sans pouvoir être exhaustifs, rappelons quelques éléments de ces derniers jours. Du côté des discours, nous avons eu Marine Le Pen exigeant un débat national contre le « fondamentalisme islamique », le bloc identitaire déclarant la nécessité de « remettre en cause l’immigration massive et l’islamisation » pour lutter contre le « djihadisme », le journaliste Yvan Rioufol du Figaro sommant Rokhaya Diallo de se désolidariser sur RTL, Jeannette Bougrab accusant « ceux qui ont traité Charlie Hebdo d’islamophobe » d’être les coupables de l’attentat, sans compter toutes les déclarations parlant « de guerre déclarée ». A ces propos, se joignent des passages à l’acte de ces derniers jours : une Femen se filme en train de brûler et de piétiner le Coran, des coups de feu sont tirés contre la mosquée d’Albi, des tags racistes sont peints sur les mosquée de Bayonne et Poitiers, des grenades sont lancées contre une autre au Mans, des coups de feu sont tirés contre une salle de prière à Port la Nouvelle, une autre salle de prière est incendiée à Aix les Bains, une tête de sanglier et des viscères sont accrochés devant une salle de prière à Corte en Corse, un restaurant-snack-kebab est l’objet d’une explosion à Villefranche sur Saône, un automobiliste est la cible de coups de feu dans le Vaucluse, un lycéen d’origine maghrébine de 17 ans est molesté lors d’une minute de silence à Bourgoin-Jallieu en Isère, etc. Ces propos et actes montrent l’ampleur des dégâts d’ores et déjà causés par les dernières décennies de banalisation islamophobe. Ils font aussi partie de la bête immonde.

    La bête immonde se trouve également dans l’absence criante d’indignation face aux victimes innombrables des guerres impérialistes de ces dernières décennies. Réagissant à propos du 11 septembre, la philosophe Judith Butler s’interroge sur l’indignation inégale. Elle souligne que l’indignation justifiée pour les victimes du 11 septembre s’accompagne d’une indifférence pour les victimes des guerres menées par les USA : « Comment se fait-il qu’on ne nous donne pas les noms des morts de cette guerre, y compris ceux que les USA ont tués, ceux dont on n’aura jamais une image, un nom, une histoire, jamais le moindre fragment de témoignage sur leur vie, quelque chose à voir, à toucher, à savoir ? ». [9]

    Cette indignation inégale est à la base du processus de production d’un clivage bien réel au sein des classes populaires. Et c’est ce clivage qui est porteur de tous les dangers, notamment en période de construction de « l’union nationale », comme aujourd’hui.

    L’union nationale qu’ils rêvent de construire, c’est « toutes et tous ensemble contre ceux qui ne sont pas des nôtres, contre celles et ceux qui ne montrent pas patte blanche ».

    Une formidable instrumentalisation politique

    Mais le scandale que nous vivons aujourd’hui ne s’arrête pas là. C’est avec un cynisme consommé que des instrumentalisations de la situation, et de la panique qu’elle suscite, se déploient à longueur de journée.

    * Renforcement sécuritaire et atteintes aux libertés démocratiques

    Certains, comme Dupont Aignan, réclament « plus de souplesse aux forces de l’ordre » alors qu’une nouvelle « loi antiterroriste » a déjà été votée l’automne dernier. Et, en écho, Thierry Mariani fait référence au Patriot Act états-unien (dont la conséquence a été de graves atteintes aux libertés individuelles sous prétexte de lutte contre le terrorisme) : « Les Etats-Unis ont su réagir après le 11 Septembre. On a dénoncé le Patriot Act, mais, depuis, ils n’ont pas eu d’attentat à part Boston ». [10]

    Instrumentaliser la peur et l’émotion pour renforcer des lois et mesures liberticides, telle est la première manipulation qui est aujourd’hui testée pour mesurer le champ des possibles en matière de régression démocratique. D’ores et déjà, certaines revendications légitimes et urgentes sont rendues inaudibles par la surenchère sécuritaire qui tente de profiter de la situation : il sera par exemple beaucoup plus difficile de mener le combat contre le contrôle au faciès, et les humiliations quotidiennes qu’il produit continueront à s’exercer dans l’indifférence générale.

    * L’unité nationale

    La construction active et déterminée de l’unité nationale est la seconde instrumentalisation majeure en cours. Elle permet de mettre en sourdine l’ensemble des revendications qui entravent le processus de dérégulation généralisé. La ficelle a beau être grosse, elle est efficace dans un climat de peur généralisé, que l’ensemble des médias produisent quotidiennement. Dans certaines villes, l’unité nationale est déjà étendue au Front National qui a participé aux rassemblements de soutien à Charlie Hebdo. Dati et Fillon s’indignent déjà de « l’exclusion » de Marine Le Pen de l’unité nationale. C’est cette « unité nationale » qui fait le plus de dégâts politiquement aussi, car elle détruit les rares repères positifs qui pouvaient exister auparavant en termes d’alliances possibles et d’identités politiques.

    * L’injonction à se justifier

    Une autre instrumentalisation se trouve dans l’injonction permanente des musulmans réels ou supposés à se justifier pour des actes qu’ils n’ont pas commis, et/ou à se démarquer des auteurs de l’attentat.

    Cette mise en accusation permanente est humiliante. Il n’est venu à l’idée de personne d’exiger de tous les chrétiens réels ou supposés une condamnation lorsque le Norvégien Anders Behring Breivik a assassiné 77 personnes en juillet 2011 en se revendiquant de l’islamophobie et du nationalisme blanc.

    Derrière cette injonction, se trouve la logique posant l’islam comme étant par essence incompatible avec la République. De cette logique découle l’idée de mettre les musulmans, réels ou supposés, sous surveillance non seulement des policiers, mais également des médias, des profs, des voisins, etc.

    * Être Charlie ? Qui peut être Charlie ? Qui veut être Charlie ?

    Le slogan « nous sommes tous Charlie » est enfin la dernière instrumentalisation en déploiement ces jours-ci. Si l’attentat contre Charlie Hebdo est condamnable, il est hors de question cependant d’oublier le rôle qu’a joué cet hebdomadaire dans la constitution du climat islamophobe d’aujourd’hui.

    Il est également hors de question d’oublier les odes à Bush que ses pages accueillaient alors que celui-ci impulsait cette fameuse « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. Ces prises de positions écrites ou dessinées ne sont pas des détails ou de simples amusements sans conséquences : elles sont à l’origine de multiples agressions de femmes voilées et de nombreux actes contre des lieux de cultes musulmans. Surtout, ce journal a fortement contribué à cliver les classes populaires au moment où elles avaient besoin plus que jamais d’unité et de solidarité. Nous ne sommes PAS PLUS Charlie hier qu’aujourd’hui.

    Les temps qui s’annoncent vont être difficiles et coûteux. Pour stopper l’escalade, nous devons mettre fin à la violence des dominants : nous devons nous battre pour stopper les guerres impérialistes en cours et abroger les lois racistes. Pour stopper l’escalade, nous devons développer tous les cadres et événements de solidarité destinés à empêcher la déferlante des propos ou actes racistes et notamment islamophobes. Pour stopper l’escalade, nous devons construire tous les espaces de solidarité économique et sociale possibles dans nos quartiers populaires, en toute autonomie vis-à-vis de tous ceux qui prônent l’union nationale comme perspective.

    Plus que jamais, nous avons besoin de nous organiser, de serrer les rangs, de refuser la logique « divisant ceux qui devraient être unis et unissant ceux qui devraient être divisés ». Plus que jamais, nous devons désigner l’ennemi pour nous construire ensemble : l’ennemi c’est tout ce qui nous divise.

    Notes :

    [1] Il est d’une part trop tôt pour le dire et, d’autre part, le résultat est le même.

    [2] Sophie Wahnich, La révolution française, un événement de la raison sensible 1787-1799, Hachette, Paris, 2012, p. 19.

    [3] Thierry Brugvin, Le pouvoir illégal des élites, Max Milo, Paris, 2014.

    [4] Djacoba Liva Tehindrazanarivelo, Le racisme à l’égard des migrants en Europe, éditions du Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2009, p. 171.

    [5] Jean Ziegler, La haine de l’Occident, Albin Michel, Paris, 2008.

    [6] Le Monde, Hollande « ami d’Israël » reste ferme face à l’Iran, 17-11-2013.

    [7] Raphaël Liogier, Le mythe de l’islamisation, essai sur une obsession collective, Le Seuil, Paris, 2012.

    [8] Voir sur cet aspect mon dernier article sur mon blog, Les dégâts invisibilisés des discriminations inégalité sociales et des discriminations racistes et sexistes, https://bouamamas.wordpress.com/

    [9] Judith Butler, cité dans, Mathias Delori, Ces morts que nous n’allons pas pleurer, http://blogs.mediapart.fr/blog/math..., consulté le 9 janvier 2015 à 18 h.

    [10] Le Parisien du 8-01-2015

    Source : Investig’Action

    Said Bouamama est l’auteur de nombreux ouvrages dont"Figures de la libération africaine. De Kenyatta à Sankara", 2014 ; Femmes des quartiers populaires, en résistance contre les discriminations, des femmes de Blanc-Mesnil, Le Temps des Cerises, 2013 ; Dictionnaire des dominations de sexe, de race, de classe, Édition Syllepse, 2012 ; Les discriminations racistes : une arme de division massive,L’Harmattan, 2010 ; Les classes et quartiers populaires. Paupérisation, ethnicisation et discrimination, Éditions du Cygne, 2009 ; L’affaire du foulard islamique : production d’un racisme respectable, Le Geai bleu, 2004 ; Dix ans de marche des beurs, chronique d’un mouvement avorté, Desclée de Brouwer, 1994.


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    Pourquoi ne cesse-t-on pas

    de s’en prendre à la Russie ?

    Il suffit de suivre un minimum ce que nous disent les grands médias pour « comprendre » que, même s’il n’est plus soviétique et s’il ne se réclame plus de la dictature du prolétariat, l’ours russe reste toujours presque aussi méchant et dangereux qu’aux temps de l’Urss. Est-ce le reflet de la réalité ou une image qu’on tente d’ancrer dans nos esprits ? Dans l’article que nous reproduisons aujourd’hui, Karl Müller se interroge sur le pourquoi de cette campagne.

    | Zurich (Suisse) | 23 décembre 2013
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    Certains prétendent que la situation internationale s’est détendue au cours des mois passés. On a évité une guerre entre les Etats-Unis et leurs alliés et la Syrie. Il y a eu également un accord passé avec l’Iran. D’ailleurs, les Etats-Unis, qui ont mené au cours des 20 dernières années avec « l’Occident » une série de guerres allant à l’encontre du droit international, seraient entre-temps si affaiblis qu’ils ne seraient plus en mesure de mener d’autres guerres importantes. En outre, les alliés des Etats-Unis, en premier lieu les autres Etats membres de l’OTAN, qui pour la plupart sont également membres de l’Union européenne, ne seraient pas capables de s’engager dans des guerres sans les Etats-Unis.


    On perd facilement de vue que Washington a déplacé ses visées agressives vers les contrées du Pacifique et que les Etats membres de l’Union européenne (sous la direction de l’Allemagne ?) – sous le couvert de l’affaire de la NSA – devront jouer le rôle de suppléants des Etats-Unis au Proche-Orient et en Afrique.

    Les nombreux rapports concernant la situation « tendue » en Asie, actuellement entre la Chine et le Japon, jouent des rôles différents. D’une part, ils peuvent servir de propagande contre la Chine et d’autre part ils vont constituer une sorte de sonnette d’alarme pour « prouver » aux Européens l’importance de la présence états-unienne dans le Pacifique mais aussi, c’est leur objectif ultime, la préparation d’une guerre contre la Chine.


    On ne parle pas, du moins publiquement, de la politique de l’Union européenne, notamment de l’Allemagne, vis-à-vis de l’Europe de l’Est et de la Russie. Et ce alors que les Etats de l’OTAN et l’Union européenne se sont fixés comme objectif – depuis 1990-1991, c’est-à-dire depuis la disparition du Pacte de Varsovie et de l’Union soviétique et malgré leurs promesses au gouvernement soviétique de l’époque – de « s’approprier » l’Est à partir de l’Ouest en incorporant toujours plus d’Etats de l’Europe de l’Est à l’alliance atlantique ainsi qu’à l’Union européenne pour affaiblir la Russie et l’asservir petit à petit.

     

    On trouve la preuve de toutes ces manœuvres dans le livre Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde, paru en 1997 et dont l’auteur est Zbigniev Brzezinski, conseiller personnel de divers présidents états-uniens.

     

    Dans les années 1990, il semblait que tout se passait comme prévu avec le président russe Boris Eltsine. La Russie s’enfonçait progressivement dans un chaos, qui s’étendait sur tous les aspects de la vie du pays, et se trouvait au bord de la banqueroute, aussi bien sur le plan politique et économique que sur le plan social.

     

    Dans son livre La stratégie de choc. L’émergence du capitalisme de catastrophe, paru en 2007, Naomi Klein a démontré avec force détails comment on a cherché à soumettre l’économie russe pour mettre le pays au pas, notamment pour s’emparer de ses matières premières, au moyen de « conseils » états-uniens et de la fausse théorie des bienfaits d’un capitalisme débridé, contrôlé par les intérêts financiers de Etats-Unis.


    La guerre de l’OTAN contre la Yougoslavie en 1999 marqua un tournant. Il devint alors impossible de ne plus percevoir le fait que la conception états-unienne « d’un nouvel ordre mondial » avait tous les traits de l’impérialisme dont le but était de soumettre le monde à « l’unique puissance mondiale ».


    En 2000, et avec l’arrivée d’un nouveau président, le nouveau gouvernement russe s’efforça de changer de cap en desserrant l’emprise états-unienne sur l’économie et les richesses de la Russie, mais aussi sur la société et la politique du pays – un projet très délicat et difficile du fait des nombreuses difficultés qui se présentaient.


    Comparé à la situation de l’an 2000, les progrès réalisés par la Russie jusqu’en 2010 sont remarquables :

     

    le produit social a doublé, le commerce extérieur a quadruplé, les dettes envers l’étranger sont réduites à un sixième de leur valeur initiale, les salaires ont augmenté de 2,5 fois en décomptant l’inflation, les rentes ont augmenté de 3 fois, le taux de pauvreté a diminué de plus de moitié, le chômage est passé de 10% à 7%, le nombre de naissances a augmenté de 40%, les décès ont diminué de 10%, les décès de nourrissons ont baissé de 30%, la durée de vie a augmenté de 5 ans, les actes criminels ont diminué de 10%, les assassinats ont baissé de 50% et les suicides de 40%, les intoxications alcooliques ont chuté de plus de 60%.


    L’« Occident » ne s’est pas empressé d’y apporter une aide. Bien au contraire, les moyens utilisés pour tenter de désagréger la Russie devinrent moins voyants mais d’autant plus perfides. Et qui osait contester ouvertement à ces tentatives en prônant des contremesures, comme c’est le cas du gouvernement russe depuis de nombreuses années, était très mal vu en Occident.


    Les principaux médias occidentaux ont joué et jouent encore un rôle de plus en plus douteux dans cette campagne menée contre la Russie. Alors que la politique de l’Union européenne, et particulièrement de l’Allemagne, glisse sur deux voies parallèles, du fait des nécessités économiques, et tente de conjuguer la rhétorique antirusse avec des relations économiques payantes, il n’en va pas de même des médias auxquels « on a lâché les rênes ».


    Contrairement à ce qu’ils font dans le cas de la Chine, pays que l’on courtise en raison de ses performances économiques (et de l’ampleur de son marché), les médias occidentaux divulguent, uniquement et en permanence, des propos négatifs au sujet de la Russie. Cette campagne atteint une intensité telle que le consommateur de médias non averti ne peut que penser du mal de ce pays. Les aspects négatifs couvrent tous les domaines de la vie et ont pour but de faire ressurgir la plupart des anciens préjugés contre la Russie.


    Et cela en dépit de l’action continue du gouvernement russe qui, au cours des 13 dernières années et jusqu’à aujourd’hui, n’a eu de cesse de proposer une coopération avec tous les pays et au bénéfice de toutes les parties.


    Ce n’est pas par amour du peuple ukrainien, mais en raison d’un dessein géostratégique, que l’Union européenne tente depuis plusieurs années d’éloigner l’Ukraine de la Russie pour la ramener vers l’UE elle-même. Nous savons aujourd’hui que la « révolution orange » de 2004 fut en fait une opération de ce qu’il est actuellement convenu d’appeler « Smart Power », opération menée en coordination avec l’Union européenne et contre la Russie. Cette tentative de coup d’Etat resta sans succès et aujourd’hui les projets de l’Union européenne n’ont toujours pas abouti au résultat escompté. Donc, il fallait s’y attendre, on s’empresse maintenant de cacher ce nouvel échec en prétendant que Moscou exerce sur Kiev des menaces et un chantage.


    On se garde bien d’évoquer le fait que le gouvernement russe avait avancé une proposition d’accord qui aurait profité tant à l’Ukraine qu’à l’Union européenne et à la Russie, proposition qui fut rejetée par l’Union européenne.


    Par ailleurs, le président russe Vladimir Poutine, s’est entretenu pendant 35 minutes avec le pape François à Rome. Contrairement aux affirmations des principaux médias, les organes du Vatican ont estimé que l’entretien s’était déroulé dans une atmosphère « cordiale ». Le président russe n’a pas rendu visite au pape en tant que dirigeant religieux de l’église orthodoxe russe mais en sa qualité de chef d’Etat. Il est vrai qu’en tant que tel il a toujours souligné l’importance des valeurs pour promouvoir un progrès dans le développement de son pays, mais aussi dans le domaine de la politique internationale.


    Contrairement à l’Occident, où l’on met l’accent sur un modèle de politique utilitariste et matérialiste, le gouvernement russe semble s’appuyer sur une conception orientée sur les fondements de l’église chrétienne, c’est-à-dire en mettant l’homme et le monde au centre de son action. Où trouve-t-on encore cela en Occident ? Quel gouvernement occidental se réclame encore de cette conception au profit de la famille, de la religion et de la nation pour le grand bien des peuples et du progrès ? Qui, en Occident, se préoccupe du fait que, sans liens stables avec « l’autre », l’épanouissement de la personnalité se délite dans la superficialité et l’indifférence lorsqu’il y a absence de soutien et perte d’identité ? On peut supposer que le pape et le président russe se sont parfaitement compris dans le diagnostic concernant l’état d’esprit de l’Occident et ses fausses théories ainsi que sur la voie à suivre pour surmonter ces erreurs.


    Nous n’allons pas prétendre qu’en Russie les familles soient intactes, que les gens vivent selon les préceptes de la religion et que la nation offre à la population tout le soutien nécessaire. Mais dans la mesure où l’on reconnaît qu’il reste encore un long chemin à parcourir, on reste bienveillant en tendant une main secourable, dans la mesure où c’est souhaité. Quant à ceux qui veulent détruire la famille, la religion et la nation, ils feront exactement le contraire.


    On doit être toutefois conscient du fait que ce n’est pas de cette manière d’agir qui apportera davantage de paix au monde. Bien au contraire, la politique de délitement provoque des conflits. Serions-nous prêts à en payer le prix ? Est-ce la volonté des peuples ?


    Nous avions pu constater à quel point les esprits se sont échauffés en Allemagne lors d’une réunion, le 23 novembre à Leipzig, dont le thème était « Pour l’avenir de la famille – va-t-on supprimer les peuples d’Europe ? ». Un groupe de manifestants violents s’en est pris brutalement à cette conférence, particulièrement aux participants qui faisaient partie du Parlement russe. Les forces de police présentes ont laissé faire pendant un bon bout de temps.


    Il fut un temps où nous étions accueillants et respectueux des autres et des opinions divergentes. Qu’en est-il aujourd’hui ?

    Source
    Horizons et débats (Suisse)

     

    http://www.voltairenet.org/article181601.html

     

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    En 4 mn, l'économie expliquée en images

    (Expression Directe, sur FR2)

     

     

     

     

     

    L'arnaque De L'Impôt Sur Le Revenu Et De La Dette

     

     


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    Note d'eva :

    Tout est fait par les Atlantistes pour éloigner les peuples de l'amour de leur pays - afin qu' ENSUITE, ils puissent + facilement accepter le Nouvel Ordre Mondial totalitaire.

     

    Tweet de F. Asselineau :

    Ne vous laissez pas duper (par Marine Le Pen). Son rôle essentiel est de pourrir le débat, en assimilant défense de souveraineté à un réflexe xénophobe

     

     

    Pourquoi le FN a beneficié d’un grande médiatisation dans les années 80


    La décision qui a été prise en 1982-1983, ce fut de médiatiser à outrance Le Pen non pas pour “affaiblir la droite”, mais pour anéantir toute résistance à l’ordre euro-atlantiste, en DIABOLISANT L’IDÉE MÊME DE SOUVERAINETÉ ET D’INDÉPENDANCE NATIONALES.


    Cette idée littéralement “diabolique” (étymologiquement = “ce qui divise”) n’a pas du tout été le fruit de Mitterrand seul, contrairement à ce qu’une légende a voulu faire croire.


    La preuve, c’est que la médiatisation de Le Pen a été au moins autant orchestrée par les médias privés (Le Monde, Le Figaro, RTL, EUROPE 1, très proches des intérêts atlantistes) que par les médias publics.


    C’est donc une décision qui a été prise par l’ensemble des intérêts euro-atlantistes. Mitterrand n’en a été, là comme ailleurs, qu’un simple exécutant, dépassé par les raisons profondes de ce qu’on lui faisait faire.


    Cette ruse infernale a parfaitement fonctionné. 29 ans après l’élection partielle de Dreux de 1983 et la médiatisation de la famille Le Pen, 80% des Français se détournent avec effroi lorsqu’on leur présente le drapeau bleu-blanc-rouge (sauf aux seuls moments de la Coupe du monde de football).


    Car cela fait 29 ans que les Français ont été invités par la propagande à assimiler le drapeau français, la liberté et l’indépendance nationales, à M. Le Pen, et donc à ses propos savamment ignobles, et toujours calculés au millimètre, sur le “détail” des chambres à gaz, sur les réussites du IIIe Reich, sur le caractère “pas spécialement inhumain de l’Occupation”, sur les “gros zébu fou” que serait M. Fodé Sylla, sur les circonstances atténuantes du meurtrier en masse norvégien pour cause d’immigration, etc., etc., etc., etc.

    Cas pratiquement sans équivalent dans le monde, le peuple français a donc fini par acquérir le réflexe pavlovien d’avoir honte de lui-même à cause de la médiatisation de Le Pen. Honte de la France, honte de son drapeau national, qui est pourtant le drapeau de la République française célébré dans le monde entier comme le symbole même de l’émancipation des peuples.


    Comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, cette médiatisation du FN à partir de 1983 est allée de pair, en une parfaite synchronisation, avec l’abandon par Chirac et le RPR des grands principes gaulliens de souveraineté et d’indépendance nationales.


    Tout a donc été orchestré pour que ces éléments vitaux de la survie de la France soient abandonnés par le RPR (et plus tard par le PCF) dans les mains d’un parti d’extrême-droite dont le chef, Jean-Marie Le Pen, notoirement anti-gaulliste et proche des Républicains américains, allait se charger de les pestiférer par ses “dérapages” à répétition.


    Il ne restait plus qu’à assurer l’envol du FN par des sources de financement complaisantes.


    A cet égard, nous attendons toujours les explications du FN sur le rôle financier exact joué, entre 1985 et 1992, par Pierre Ceyrac, représentant en France du fonds Causa International, dont les liens avec le Parti Républicain américain et la CIA sont l’objet de rumeurs “très insistantes”.

     

     

    http://www.upr.fr/actualite-facebook/pourquoi-le-fn-a-beneficie-dun-grande-mediatisation-dans-les-annees-80



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